DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

272 ANDRÉ POUSSET
découper les phénomènes réels, actuels, du système dans les
mêmes termes que sur le plan normalisé : c'est-à-dire en
termes d'objectifs actuellement poursuivis, de moyens effectivement
mis en œuvre et réellement alloués, de façon à comparer
son modèle, sa norme à la réalité, afin de diminuer leur
écart éventuel.
De plus, en supposant même qu'un modèle normatif
puisse mener à une métrique opératoire, et donc que ses
concepts puissent déboucher sur des variables opérationnellement
mesurables, et que de plus il soit admis que c'est « la
bonne façon» dont l'entreprise doit fonctionner, il reste un
problème important à résoudre: c'est celui de la correction de
ces écarts entre la norme et la réalité.
Supposons qu'un modèle normatif prévoie la bonne façon
de partager ce qu'on appellera dans la théorie qui le sous-tend
les responsabilités et l'autorité en rapport. Il est donc possible,
supposons-nous, de mesurer l'actuelle responsabilité et
l'actuelle autorité de chacun et, par conséquent, les différences
constatées entre les responsabilités optimales et les responsabilités
actuelles, entre l'autorité optimale et l'autorité réelle
de chaque dirigeant. Mais une fois constatées ces différences,
comment va-t-on les réduire à zéro? La théorie ne l'indique
pas, elle prétend que ces variables sont indépendantes et qu'il
suffit donc d'augmenter ou de diminuer la responsabilité et
l'autorité de chacun par des fiat, des institutionnalisations, des
in vestitures - ce qui n'a « force de loi » que si la force est
continuellement présente! Or, dans l'entreprise moderne,
l'autorité de chacun n'est pas garantie par la force, et la responsabilité
attribuée n'équivaut pas souvent à l'obligation éprouvée
moralement par le subordonné. Quels que soient les pouvoirs
et les responsabilités en droit dans les administrations
publiques - où l'armature juridique est autrement plus forte
que dans l'entreprise privée - les pouvoirs et les responsabilités
réelles évoluent en fonction de nombreux facteurs. Il en
va ainsi, par exemple, pour les plans de gestion, dans l'application
desquels le dirigeant est confronté à des écarts éventuels
d'avec la norme du plan. Mais cela ne lui fournit aucune indication
sur l'origine, les causes de ces écarts, aucun outil direct
de correction - nous en reparlerons d'ailleurs.
En conséquence, il ne nous semble pas indiqué de se