DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

LE PROBLÈME DE LA COMMANDE DE L'ENTREPRISE 361
pour constituer un corps de connaissances digne du nom de
science. Il nous semble néanmoins que la démarche scientifique
n'a progressé, au cours de l'histoire, que par des études
issues de cas assez spécifiques où, comme nous l'avons remarqué
plus haut, le geste technique a échoué [29] et où une
représentation abstraite, symbolique de la réalité, a permis une
action efficace. Ce n'est que par tâtonnements, par essais et
erreurs, que des généralisations ont pu être établies, au prix
parfois de modifications diverses apportées à la représentation
symbolique de départ : pensons notamment à la loi des gaz
parfaits, applicable seulement dans une certaine gamme de
pressions et de températures, et ne s'avérant assez générale
qu'au prix d'une correction apportée à la loi sous la forme de
coefficients empiriques et d'une élaboration plus poussée de la
form ulation.
De même, l'étude des processus industriels a été faite de
façon scientifique par des recherches opérationnelles qui ont été
au début des essais de représentation abstraite et simplifiée
d'une réalité complexe et mouvante. Ce n'est qu'après plusieurs
années d'études variées que des groupements dans ces représentations
symboliques, dans ces modèles, ont pu être faits; que
certains d'entre eux se sont avérés applicables à une gamme relativement
étendue de situations à première vue différentes, mais
pourtant représentables par quelques types, quelques gammes
de modèles. De là les grandes classes- : modèles linéaires, aléas
de Poisson, de Gauss, de Bernouilli par exemple, qui traduisent
adéquatement des phénomènes appartenant à des domaines à
première vue peu apparentés: foules se pressant à des guichets,
marchandises à traiter industriellement en attente devant une
machine-outil ou dans un magasin de stock. C'est pourquoi il
nous semble qu'en un premier temps, une technologie de la
commande de l'entreprise pourra se développer si nous prenons
la patience de nous pencher sur des entreprises particulières,
d'en élaborer des représentations abstraites, des modèles représentant
leurs grands mécanismes de commande, les grandes
fonctions d'équilibration et d'auto-régulation, et de valider
ensuite ces modèles en suivant l'entreprise pendant une certaine
période de sa vie. Ceci pourra se faire en faisant par exemple
« fonctionner » ces modèles, en les résolvant pour des temps
successifs, ou en les simulant sur ordinateur de façon à obtenir