DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

« ALBUMS n'IDÉES» (1934) 225
Comment après cette ébauche d'une psychologie qui ressemble
tellement à la sienne, comment, dis-je, oser déclarer
que le moteur et le motif valéryens sont, par nature, caractériels,
soit émotionnels ou épisodiques P
Si les flèches contre la philosophie sont nombreuses, en
revanche, son propre esprit est si philosophique dans son
exercice habituel, qu'à chaque instant, il note ce qu'elle devrait
être, comme dans cette définition, suivie de l'explication des
termes qui la composent:
« Philosophie» serait l'unité ou le système rendu conscient des
réactions intellectuelles (ou de second ordre) d'un quelqu'un
devant quoi que ce soit.
« Réactions intellectuelles» = expressions réfléchies
« unité» = temps, non réflexe
Quoi que ce soit excite ou engendre des effets. Ces effets jamais
acceptés tels quels, - mais souvent excitant chez certains une sensibilité
de classement, de décomposition et de recomposition. (Qui
n'est spécifique du « philosophe» que si elle s'exerce bien sur quoi
que ce soit). (p. 89)
Au bas de la page 93, ces deux brèves définitions de l'esprit
correspondent chacune à une activité différente; la deuxième en
dit long:
« L'esprit» activité locale.
« L'esprit », activité totale, équivalence de tout
Je recopierai en entier un paragraphe sur l'influence, sujet
rarement abordé, d'abord parce qu'il est précédé du sigle GI,
ensuite parce qu'on ne peut pas ne pas penser qu'il a vérita·
blement payé en or l'influence de Mallarmé sur lui-même:
Je ne trouve légitime l' « influence» que si elle est cherchée et
obtenue par des efforts, des ouvrages, etc. dans lesquels la considération
des autres, la volonté d'influence ne joue aucun rÔle; ou
du moins est entièrement subordonnée à la considération de conditions
à remplir déterminées par l'avancement de soi par rapport à
soi.
Produire, dans ces conditions, c'est ce que j'appelle, payer en or.
L'influence à acquérir sur autrui ne doit pas être payée en monnaie
de singe, mais autrui n'est pas bien utilisé s'il n'est pas utilisé à
tirer de moi ce que je contiens de mieux et que je n'eusse pas produit
ni connu sans lui. (p. 94)