DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

DU NOUVEAU SUR JUSTE LIPSE 379
exhorte Anna vanden Calstere à la résignation et lui offre, avec
la sympathie de tous les siens, son aide personnelle, celle de ses
enfants et de leurs amis. Rien mieux que cette page, aussi peu
littéraire que possible, ne saurait donner le sentiment d'une
amitié profonde entre un homme et la totalité d'une famille,
une maison.
Mais voici qui est étrange. Anna pouvait fort bien ne comprendre
que le flamand. Comment admettre en revanche que
Martine, fille d'un Français et d'une Française, ait oublié la
langue de ses parents, langue que son mari, Jean Moerentorff
dit Moretus, lisait et écrivait couramment? On se demande s'il
n'y avait pas là une sorte de convention, les femmes étant supposées,
a priori, savoir uniquement l'idiome local.
Cette publication remarquable débouche sur quantité de
problèmes. Dans leurs notes, qui représentent un travail considérable,
les savants éditeurs ont amorcé plus d'une solution et,
toujours, indiqué la voie. A partir des textes révélés, éclairés par
eux, un germaniste, un romaniste, étudieront le néerlandais,
le français de Lipse. La prose flamande de cette époque, formée
notamment par les mystiques et les polémistes, existait. Mais
très rares étaient les Belges qui se risquaient à écrire en prose
française. La traduction de la Descrittione di tutti i Paesi Rassi
de Guichardin, de la Constantia et des Politica de Lipse furent
commandées par des éditeurs flamands à des Français: François
de Belleforest, Clovis Hesteau de Nuysement, Charles
Le Ber, Simon Goulart.