DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

436 M. BOUSSART-WEYEMBERGH
De 1925 à 1933 et moins régulièrement de 1933 à 1943,
R. Budzinski publia une revue mensuelle, Geister und
Gespenster, à laquelle collabora notamment son ami, le peintre,
dessinateur et graveur E. Stumpp. La plupart des textes sont
des comptes rendus de visites à des peintres célèbres tels
M. Slevogt, M. Liebermann, E. Munch, de courts poèmes à la
W. Busch, des nouvelles ou des récits de voyage, dont l'humour
n'est jamais absent.
Des motifs communs unissent les différentes œuvres littéraires
de Budzinski, dans lesquelles l'élément autobiographique
joue toujours un rôle important. L'attachement à la
nature, la glorification d'une vie proche de celle-ci, le thème de
la passion amoureuse et de la mort, souvent conçue comme un
retour à l'univers, s'interpénètrent.
Tous ces ouvrages sont illustrés de la main de l'auteur. Les
gravures sur bois, sur cuivre ou sur linoléum et les dessins à
la plume qui accompagnent le texte, sont d'une grande qualité,
particulièrement dans Ostpreuf3en ruft, Die ewige Wiederkehr
et Orpheus und Eurydike (51). Les gravures sur cuivre de ce
dernier ouvrage sont d'une noblesse et d'une pureté toutes
classiques; la ligne du dessin elle-même se situe dans le sillage
de l'art grec. Le texte de Die ewige Wiederkehr et de Orpheus
und Eurydike est gravé, lui aussi. R. Budzinski fut d'ailleurs
parfois son propre imprimeur. Il avait en son atelier de Konigsberg
une grande presse pour les gravures sur cuivre. Il y travaillait
nuit et jour, se faisant apporter les repas en son lieu de
travail. Cette passion et cet enthousiasme suscitaient l'admiration.
L'artiste lui-même était d'une grande modestie. Les
discussions ayant trait à son art lui pesaient et les œuvres
réalisées ne l'intéressaient plus. Il fit toujours preuve de désinvolture
à l'égard de ses créations, se souciant fort peu, trop
peu même, de leur survie.
R. Budzinski n'est certes pas un révolutionnaire, ni dans
son œuvre graphique ou picturale ni dans son œuvre littéraire.
Ses gravures, par exemple, se rapprochent moins du cubisme
que celles de Masereel. La géométrisation, le simultanéisme et
la stylisation n'y sont pas poussés aussi loin que chez le gra-
(57) Orpheus und Eurydike, Edition « Geister und Gespenster»,
Konigsberg, 1939.