DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

434 M. BOUSSART-WEYEMBERGH
l'unité du grand tout. Das GespenslerschlofJ (51) a pour héros
un enfant qui, en 1945, quitte son village de Prusse, fuit
devant les troupes russes et se réfugie avec une jeune amie et
un âne dans un château qui passe pour hanté (52). La qualité
du fantastique que nous trouvons chez Budzinski, nous fait
souvent songer à la manière de E. Th. A. Hoffmann, pour qui
l'auteur avait une prédilection. Le début du roman Kehr'um (53)
est significatif à cet égard. Le héros, R. Barting, artiste fortuné
et célèbre, est porté disparu. Tout le monde croit à un
accident mortel en montagne. Le corps retrouvé est en fait celui
d'un bandit qui avait volé les papiers d'identité du peintre.
R. Barting assiste à son propre enterrement et voit dans cette
situation inattendue l'occasion de commencer une vie nouvelle.
Ce même halo de mystère entoure l'amour longtemps
silencieux et lointain du héros pour une jeune femme tuberculeuse
: Erika Semper, qui est en quelque sorte son « anima ».
Une atmosphère analogue se retrouve dans le récit assez extravagant
et quelque peu chaotique: Die ewige Wiederkehr (5').
Un peintre s'imagine avoir vécu déjà, au cours d'une existence
antérieure ce qu'il vit dans le présent. Son amie Doris participe
à cette aventure spirituelle. Pour elle aussi, une autre vie,
plus mouvementée s'ajoute en surimpression à celle qu'elle vit
réellement. Les plans de la réalité, du rêve et de l'imagination
se confondent. Dans le genre du fantastique, certaines nouvelles
de Budzinski sont sans doute plus réussies, et tout particulièrement
les trois récits intitulés: E. Th. A. Hoffmann
Phanlasien C 5 ). L'écrivain romantique y est évoqué, et avec
lui revit le climat de ses histoires mystérieuses, inquiétantes et
macabres, de fantômes et de mort. L'une des trois « fantaisies»
a pour cadre la « Kurische Nehrung» et se trame autour des
villages de jadis et de leurs habitants enfouis sous les sables;
elle rappelle l'atmosphère des œuvres de Th. Storm, que Budzinski
connaissait bien pour les avoir illustrées. La nouvelle
(n) Das Gespensterschlop, Edition Greifen Rudolstadt, 1945.
(62) Citons encore les contes : Teddy-Bar, Regina und Luzian, Rusch
und seine Laute, E. Matthes, Leipzig Hartenstein, 1920.
(SS) Kehr'um, Bücherkreis GMBH, Berlin, 1930.
(U) Die ewige Wiederkehr, Edition « Geister und Gespenster)l,
Konigsberg, vers 1933.
(U) Hoffmann Phantasien, Ostpreuplm ru/t, 1936, pp. 14 et suiv.