DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

PROSE POUR DES ESSEINTES 141
y ont dressé par milliers leurs royales têtes de pourpre, symbolisant
richement nos magnifiques rêves isolés ... Que ne pouvons-nous y
errer ensemble et nous y asseoir comme à Pâques, sur le petit banc,
tout en jets insensés d'herbes hautes (55) ... »
VIII Obsession 1 Désirs, idées
Tout en moi triomphait de voir
La famille des iridées
Connaître le nouveau devoir
Mallarmé fond les juxtapositions, dont le premier terme
affaiblissait considérablement les deux autres, en un beau vers
plane, prolongé
Gloire du long désir, Idées
où les idées qui enferment le mystère orphique de la Terre atteignent
un sommet princier. Obsession perd son trop d'affectivité
en passant dans long désir et ce qui n'était qu'exclamations
devient double définition de poète, car si « long désir ))
porte le sens d'obsession, « Gloire du long désir)) définit à son
tour les Idées.
Plus d'un indice permettrait de situer l'état que nous connaissons
de l'Ouverture ancienne d'Hérodiade dans la dernière
période mallarméenne. Le vers 35 n'est pas sans rapport avec
Prose, et sa mélancolie trahit peut-être une postériorité:
33 Une touffe de fleurs parjures à la lune
(A la cire expirée encor s'effeuille l'une),
De qui le long regret et les tiges de qui
Trempent en un seul verre à l'éclat alangui.
Le dernier vers de la strophe VIII reçoit son verbe propre;
c'est le poète qui connaît le nouveau devoir, - les iridées ne
ront que « surgir à ce nouveau devoir )).
L'importante et trop claire strophe IX
(55) H. MONDOR, E. Lefébure, p. 216. Cette lettre fait penser aussi
au Toast funèbre et à ses paroles fleurs :
Une agitation solennelle par l'air
De paroles, pourpre ivre et grand calice clair ...