DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

BIBLIOGRAPHIE 381
représentées. C'est ce qui explique l'intérêt multiple de ces articles.
L'invitation de M. J. Godechot à scruter de plus près les délibérations des
conseils généraux ou municipaux pour y déceler sous des éloges flatteurs
une opposition au régime napoléonien débouche sur toute une série de
problèmes d'ordre politique, mais aussi administratif, économique et
financier. Le projet de la « route en fer» reliant Anvers au Rhin, projet
qui avait pour but de sauvegarder les intérêts économiques de la Belgique,
eut des incidences politiques et diplomatiques insoupçonnées dont
M. J. Stengers nous dresse un tableau vivant. L 'histoire des congrès
d'étudiants décrite par J. Bartier relève autant du politique que du
social et l'analyse critique des déclarations des biens et revenus du clergé
à la fin de l'Ancien Régime, par M. J.-J. Hoebanx, livre maints renseignements
économiques et sociaux, mais donne aussi des précisions sur
le clergé, le cadastre, les prix.
De toute manière, on retiendra que les contributions relatives à
l 'histoire politique concernent plus spécialement la Belgique et on constatera
qu'elles présentent - bien par hasard - une certaine continuité.
Partant de la révolution de 1830, éclairée d'un jour nouveau par
M. J. Gilissen, on aboutit aux visées d'une « grande Belgique », simple
souhait d'annexion en 1867 (M. R. Demoulin), véritables revendications
territoriales en 1918-1919 (M. R. Devleeshouwer). Et lorsque M. J. Willequet,
étudiant l'offre de paix séparée entre l'Allemagne et la Belgique
en 1918, évoque d'une part Paul Hymans, d'autre part la note papale de
1917, le lecteur se reportera soit à l'étude de critique de M. H. Haag
pour suivre la carrière de l 'homme politique, soit à l'analyse nuancée de
M. P. Renouvin pour déboucher sur l'attitude de l'Episcopat français et
par là d'une partie de l'opinion publique française en cette « année
trouble ».
Si les faits politiques décrits concernent surtout la Belgique aux XIX e
et xxe siècles, les autres matières sont beaucoup plus diversifiées. L'économique
et le social y prennent une large part. L'aube industrielle est
dépeinte au travers de timides revendications ouvrières (M. Ph. Moureaux),
tandis que les origines de la révolution industrielle font
l'objet de deux études originales : l'une relative à nos régions
(M. J. Craeybeckx), l'autre à la Hongrie (M. G. Merei). Sont également
envisagés la politique économique anglaise envers les Pays-Bas autrichiens
(M. H. Pavelka), les échanges entre charbonnages belges et du
Nord de la France (M. M. Gillet) et les premières grandes lignes de chemins
de fer françaises (M. L. Trénard).
Outre les origines du socialisme dans le canton de Vaud
(M. A. Lasserre), on découvrira avec intérêt : le statut des lépreux au
moyen âge (M. A. Uyttebrouck), le recrutement de la main-d 'œuvre
dans les colonies espagnoles (M. Ch. Verlinden) et le rÔle des femmes de
militants de la Première Internationale (M. J. Dhondt).
Les finances font l'objet de quelques exposés fort neufs, comme il se
doit dans un volume dédié à l'auteur de Langrand-Dumonceau, promoteur
d'une puissance financière catholique. Les établissements bancaires
ont surtout retenu l'attention de MM. D. Demarco et C. Fohlen ainsi que
de M. J. Bouvier qui nous donne un modèle d'analyse de comptabilité.
D'autre part, les relations que le gouvernement belge entretint avec la
maison Rothschild sont mises en évidence par M. B. Gille.
En démographie, il faut relever l'enquête approfondie réalisée par
M. J. Vidalenc sur les Belges de l'agglomération rouennaise en 1921.