DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

LA DÉCOLONISATION Hl TIVE EST-ELLE UN PROGRÈS P 241
not least, ne laisse pas de peser sur les prix, de façon très sensible,
l'immense progrès technologique accompli sans cesse
par les pays industrialisés. Car, celui-ci a pour effet de restreindre
les importations de matières de base du Tiers-Monde,
soit parce qu'il permet un emploi plus économique de ces
dernières, soit - et surtout - du fait qu'il donne lieu à la
création et à l'amélioration continue de produits synthétiques,
appelés à remplacer, entre autres, la laine, le coton, le
caoutchouc, le cuir, etc.
Le fossé entre pays nantis et pays frustrés s'élargissant sans
cesse, à telle enseigne que les revenus pel" capita des Etats-Unis
et de l'Inde sont devenus 3602 et 70 dollars (1) , il en est une
cause qu'on ne saurait, non plus, passer sous silence: la nonsatisfaction
du besoin impératif des nations en voie de développement
d'effectuer des livraisons chez les « Développés», de
fabricats simples, susceptibles - tout comme les expéditions
de matières premières - de leur procurer, en échange, notamment,
des denrées alimentaires. En effet, les nations prospères
qui doivent leur essor à l'industrialisation, sont farouchement
résolues - réflexe de défense, bien compréhensible - à se
protéger contre la concurrence que tente de leur faire, ainsi, le
« nouveau monde ». Il s'agit, bien entendu, des produits finis
ou semi-finis que les industries naissantes des pays neufs sont
capables d'offrir à des conditions de qualité valables, vu le peu
de technicité incorporée, et à des conditions de prix imbattables
à raison de la main-d'œuvre bon marché (particulièrement
les textilps naturels et la petite mécanique).
Mais quelles qu'en soient les causes, le moins tragique du
drame du Tiers-Monde, n'est certainement pas l'accroissement
démographique. Car, il tend à réduire considérablement,
sinon annihiler, tout progrès laborieusement acquis. Ainsi, à
supposer qu'à la fin de la décennie 1960-1970, l'augmentation
annuelle du revenu national des pays en cause puisse atteindre
5 %, en réalité, ce taux serait ramené à 2,6 % à cause du surcroît
galopant de la population. (Accroissement annuel: 2,5 %)
Enfin, s'il fallait encore un dernier argument pour emporter
la conviction que la situation angoissante des collectivités
peu développées ne fait qu'empirer, ne suffirait-il pas de citer
1 Déjà, en 1965.