DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

L'EXPANSION SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE 85
Il. CONCLUSION
L'Europe occidentale est à un moment critique de son
histoire. Les deux premiers tiers de ce siècle ont vu sa position
dans le monde s'effondrer tandis que d'autres continents prenaient
la relève comme centres moteurs et créateurs de la civilisation.
L'orgueilleuse métropole déchue du monde moderne
prend conscience du danger qui la guette au terme de son
déclin : la provincialisation.
Saura-t-elle relever le défi? Il lui faudrait y consacrer beaucoup
d'argent, ce qui exige les motivations puissantes que seul
procure un élan collectif vers des buts définis. Il lui faudrait
beaucoup d'efficacité, d'imagination et de continuité dans
l'organisation, car s'il est déjà difficile de mettre en œuvre une
politique scientifique nationale, que dire de la tâche de coudre
ensemble les politiques de six ou de dix gouvernements et celles
des dix ou quinze institutions scientifiques communes, qui
constituent un riche maquis de formules, de structures, de procédures
et d'intérêts contradictoires.
Pourtant l'année 1967 nous donne des raisons de ne pas
désespérer : l'Angleterre et l'Allemagne semblent avoir pris
davantage conscience des dangers communs. La France, qui les
avait aperçus plus tôt, montre aujourd 'hui une plus claire
conscience des possibilités limitées de sa dimension. Ce rapprochement
permet des espoirs que peu auraient osé avoir l'an dernier.
Il pèsera sans doute dans les décisions qui seront prises
fin 1967 entre les Six et la Grande-Bretagne. Puissions-nous ne
pas oublier à ce moment que le potentiel britannique de
recherche équivaut à 70 % de celui des Six... Quoi qu'il
advienne, cependant, la « petite Europe» demeurera. Il faudra
s'y accrocher, le cas échéant, avec toute l'énergie et la détermination
de la dernière chance .
•