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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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LE SYMBOLE DANS LA POÉSIE DE VERHAEREN 443<br />

vie qu'il exalte sous toutes ses formes, y compris les plus douloureuses.<br />

Après la souffrance, la joie, l'élan vital. Le poète,<br />

réconcilié avec le mon<strong>de</strong>, sauve son unité. Il se fera prophète.<br />

Entre-temps, le symbolisme <strong>de</strong> son œuvre a sensiblement<br />

évolué. Ce qui fut source d'effroi engendre, à présent, la joie.<br />

Le symbole, parce qu'il est vivant, n'a pas <strong>de</strong> forme fixe; il<br />

est toujours foncièrement ambigu. Au reste, qu'importe qu'il<br />

ait ou non une signification rigi<strong>de</strong>, quand la beauté reste le<br />

but que s'est choisi Verhaeren?<br />

Et plus haute que n'est la force et la justice,<br />

Par au-<strong>de</strong>là du vrai, du faux, <strong>de</strong> l'équité,<br />

Plus loin que l'innocence ou que le vice,<br />

Luit la beauté.<br />

Touffue et claire,<br />

Méduse ténébreuse et Minerve solaire,<br />

Fondant le double mythe en unique splen<strong>de</strong>ur,<br />

Elle épouvante <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur C) .<br />

*<br />

**<br />

Les Campagnes hallucinées datent <strong>de</strong> 1893. C'est dire<br />

qu'elles sont postérieures à la crise. Néanmoins Verhaeren n'a<br />

pas encore trouvé, à cette époque, le chemin qui le conduira<br />

vers la délivrance. Mais un idéal nouveau se met à poindre<br />

confusément, qui se situe, non plus en lui, mais hors <strong>de</strong> lui.<br />

Telle fut en effet sa tentation: après refus d'accepter le<br />

mon<strong>de</strong> comme il était dans la réalité, le façonner à son image,<br />

l'absorber dans ses aspirations; peut-être même e'Ût-il préféré<br />

l'ignorer, s'abstraire <strong>de</strong> lui, et se penser, en quelque sorte,<br />

isolément; mais si puissante était l'emprise <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong><br />

abhorré que tout effort pour en éloigner le far<strong>de</strong>au était nécessairement<br />

voué à l'échec: d'autant plus que le poète venait<br />

d'être déçu par les contradictions <strong>de</strong> son « moi », dont il avait<br />

lui-même ébranlé les assises. Parce que la beauté qu'il cherchait<br />

dans le mon<strong>de</strong> se dérobait à lui, Verhaeren maintenait<br />

désespérément le regard orienté vers l'intérieur, vers ses propres<br />

antinomies: mais le moyen, pour cette nature gloutonne, <strong>de</strong><br />

se contenter d'une aussi maigre pitance? Restait une solution :<br />

s'anéantir. Verhaeren se plut à se détruire lui-même féroce-<br />

(1) Les Idées (Villes tentaculaires).

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