DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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BIBLIOGRAPHIE 159
Hongrie au début du XIX 8 siècle, il est en quelque sorte trop tard pour
encore constituer une tradition stylistique véritablement originale.
L'unification culturelle de l'Europe sous le signe de l 'historicisme peut
certes remettre en honneur le 'Passé national et ses styles divers;
l'authenticité est moins dans ces divers répertoires de formes et leur
pouvoir d'évocation littéraire, que dans cette distance même vis-à-vis du
passé, et dans la nouvelle expérience de l'espace et du temps qu'elle
suppose. Aussi nous est-il difficile ici de suivre l'auteur dans son
exaltation d'un art hongrois enfin « national». Ce qui est vrai sur le
plan éthique, et conduira à l'indépendance de la nation vis-à-vis de
l'Autriche et du peuple vis-à-vis de l'aristocratie d'abord, de la bourgeoisie
capitaliste ensuite, n'a pas de véritable équivalent dans l'art du
XIX 8 siècle. Il ne suffit pas, en effet, que celui-ci soit l 'œuvre de nationaux
hongrois pour que naisse un style « national», et dans l'ensemble cet
art n'est proprement hongrois que par le contenu de son inspiration
littéraire. L'absence d'une tradition formelle propre dans laquelle le
peuple se reconnaisse, ne peut ici qu'accentuer la prédominance romantique
du sujet, et va jusqu'à emprunter aux Turcs un exotisme qui fait
(( national» par opposition à l'Autriche. Cette situation, d'ailleurs, ne
diminue en rien la valeur des personnalités et des réalisations individuelles,
dont plusieurs, comme l'architecte néoclassique Mihaly Pollack
ou l'impressionniste Pal Szinyei Merse sont indiscutablement de classe
internationale. La mutation impressionniste de la peinture, réalisée par
l'école de Nagybanya, rapproche d'ailleurs, une fois de plus, l'école
hongroise de l'Europe Centmle - la réaction contre Vienne déplace le
pôle d'attraction vers Munich - où le sujet, le contenu humain, ne le
cède jamais au même degré qu'en France à la pure délectation de
l'impression visuelle. C'est certainement cette disposition qui, lorsqu'elle
parvient à éviter l'écueil d'une rhétorique classico-réaliste favorisée par
le fascisme et par une conception erronée de l'art socialiste, est à la
source des réalisations de Jeno Borcsay et de Jeno Gadanyi. Mais il s'agit
désormais, c'est évident, d'un 'art qui, avant d'être hongrois, est d'abord
européen, voire - surtout pour l'architecture - international.
Paul PHILIPPOT.
Luc DE HEUSCH, Le Rwanda et la civilisation interlacustre. Etudes d'anthropologie
historique et structurale, Bruxelles, Editions de l'Institut
de Sociologie de l'Université Libre de Bruxelles, 1966, in-So,
472 pages.
Dans son introduction, Luc de Heusch souligne que l'application
des exigences de la critique historique aux traditions orales permet la
reprise d'un fructueux dialogue entre histoire et ethnologie. Cette
nouvelle orientation de l 'histoire africaine a incité l'auteur à étudier le
culte initiatique de possession dit (( kubandwa » et à fixer provisoirement,
en réexaminant tout le matériel disponible, le cadre général de l'histoire
de la civilisation interlacustre.
Luc de Heusch retrace d'abord les lignes principales de l'histoire
des civilisations interlacustres. Si ces événements n'intéressent pas à
première vue le Rwanda, ils retentissent, toutefois, dans les structures
religieuses de ce pays. Les Cwezi, installés dans la partie occidentale de