DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

BIBLIOGRAPHIE 2B7
qui sont contradictoires parce que basés sur des statistiques divergentes
et sur des postulats opposés. Dans ces conditions, les adversaires vont
se soupçonner de mauvaise foi et s'accuser réciproquement d'ambitions
impérialistes.
Dans la seconde partie (pp. 119-427), l'auteur retrace l'évolution
historique du conflit de 1945 à 1954. Il décrit successivement les origines
du conflit de Trieste pendant la deuxième guerre mondiale, l'attitude
des grands Alliés face aux revendications italiennes et yougoslaves, la
libération de la Vénétie julienne, l'occupation de Trieste par l'armée
yougoslave (1 er mai-12 juin 1945), l'évacuation de Trieste par les troupes
yougoslaves, l'ultimatum anglo-américain et l'établissement de la ligne
Morgan, les positions des Grands, la décision du Conseil des ministres
des Affaires étrangères de nommer une commission d'experts (septembre
1945), le fonctionnement et les conclusions divergentes de cette
commission, l'adoption progressive de la ligne française et la décision
de créer le Territoire libre de Trieste malgré les ultimes tentatives des
intéressés. Après la signature du traité de paix italien le 10 février 1947
et sa mise en application le 15 septembre 1947, les puissances ne parviennent
pas à s'entendre au sujet de la nomination du futur gouverneur
du Territoire libre de Trieste. Le 20 mars 1948, la France, la Grande­
Bretagne et les Etats-Unis proposent à l'U.R.S.S. et à l'Italie de replacer
le Territoire libre de Trieste sous la souveraineté italienne. Cette déclaration
tripartite et la rupture entre la Yougoslavie et le Kominform
(28 juin 1948) bloquent provisoirement les perspectives de négociations
sur le TLT. La zone A restant occupée par les Anglo-Saxons et la zone B
par les Yougoslaves, la partition des deux zones se consolide. J .-B. Duroselle
analyse ensuite les crises du printemps 1950 et du printemps et
de l'été 1951, les conversations bilatérales de 1950 et 1951, les négociations
Bebler-Guidotti (novembre 1951-mars 1952) et les troubles de
mars 1952 à Trieste. Après l'échec des négociations Bebler-Guidotti, les
mesures prises en zone A puis en zone B continuent à consolider la situation
de fait (mars 1952-juillet 1953). En septembre-octobre 1953, une
crise très grave éclate à Trieste. Elle va convaincre les dirigeants politiques
de la nécessité de trouver une solution au conflit. L'U.R.S.S.,
toutefois, cherche à empêcher un rapprochement italo-yougoslave qui
ne servirait que la cause des Occidentaux. Après l'échec de la manœuvre
russe, les gouvernements anglais et américain proposent à Belgrade une
conférence à trois. Celle-ci se tient à Londres du 2 février au 31 mai
et aboutit à un plan de partition du TLT avec de légères modifications
de la ligne de démarcation. Des négociations sont alors menées avec
Rome. Le protocole d'accord est finalement signé à Londres le 5 octobre
1954. L'ancienne zone B est annexée à la Yougoslavie et l'ancienne
zone A à l'Italie. « Du côté italien comme du côté yougoslave, la satisfaction
d'avoir atteint un compromis acceptable permet de penser que
la solution du conflit est définitive» (p. 427).
Dans la troisième partie (pp. 429-583), J.-B. Duroselle essaie de
situer le conflit de Trieste dans le cadre général des conflits internationaux.
Il étudie d'abord la théorie générale du conflit, son déclenchement
et sa nature. Sur le plan des modalités d'attitudes, l'auteur estime qu'il
s'agit, pour la Yougoslavie comme pour l'Italie, d'un conflit à motivations
nationales où l'opinion publique rejoignait l'action gouvernementale.
J .-B. Duroselle analyse ensuite la stratégie et la tactique du conflit.
Puis il examine les forces profondes et les hommes d'Etat. Il démontre