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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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408 JULIEN BALLIU<br />

<strong>de</strong>s caractères qui le composent, et que ce qui est appelé ici<br />

« l'individu» est précisément l'invisible: ce pouvoir qu'a<br />

l 'homme <strong>de</strong> dépasser toutes les déterminations qui le définissent,<br />

mais qui ne se montre dans aucune <strong>de</strong> celles-ci. De<br />

même, appartenir à une classe, c'est beaucoup plus pour<br />

Sartre que porter passivement la marque d'une catégorie<br />

sociale déterminée, c'est participer à la praxis <strong>de</strong> groupe. Mais<br />

cette participation <strong>de</strong>meure invisible dans chacun <strong>de</strong>s caractères<br />

qui sont propres à la catégorie sociale en question. C'est<br />

au fond l'impression globale qui se dégage <strong>de</strong> l'opposition<br />

entre les déterminatidtls <strong>de</strong> la situation d'une part, et la praxis<br />

individuelle (8) ou la praxis <strong>de</strong> groupe (') <strong>de</strong> l'autre. Ce qui<br />

èst toujours visible, c'est la suite <strong>de</strong>s déterminations, alors que<br />

la praxis, elle, est source <strong>de</strong> compréhension ou d'intelligibilité,<br />

mais <strong>de</strong>meure invisible. Ces notions <strong>de</strong> compréhension et<br />

d'intelligibilité figurent souvent dans les anaylses sartriennes<br />

comme <strong>de</strong>s preuves; elles sont là pour montrer la présence <strong>de</strong><br />

la praxis, pour nous en donner une saisie immédiate. Pourtant,<br />

en lisant par exemple Question <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>, on a plutôt<br />

l'impression que « comprendre» signifie expliquer à partir<br />

d'une théorie <strong>de</strong> la libre praxis. « Comprendre », c'est introduire<br />

un type d'intelligibilité qui se fon<strong>de</strong> sur le concept <strong>de</strong><br />

praxis. Au lieu <strong>de</strong> nous faire trouver la praxis quelque part,<br />

la compréhension semble plutôt s'i<strong>de</strong>ntifier avec le type<br />

d'intelligibilité donné par le concept <strong>de</strong> praxis lui-même, et<br />

on raisonne donc en cercle. A la limite : seule la praxis rend<br />

les choses intelligibles, car être intelligible signifie être explicable<br />

par la praxis. Il semble impossible <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> ce cercle<br />

précisément parce qu'il se déroule dans l'invisible.<br />

Tout se passe comme si la réalité d'un individu ou d'un<br />

groupe se donnait dans les <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> Sartre comme la<br />

résultante <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux composants, l'un représentant l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s déterminatiohs empiriques, <strong>de</strong> leurs interactions, <strong>de</strong> leurs<br />

transformations dans le temps, l'autre ouvrant la dimension<br />

invisible <strong>de</strong> la praxis, qui n'ajoute rien à la série <strong>de</strong> ces déterminations<br />

mais qui constitue leur sens, leur signification, leur<br />

intelligibilité - termes qui ne font que renvoyer à cette même<br />

praxis.<br />

(8) C.R.D., p. 292.<br />

(') C.R.D., p. 656.

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