DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

276 BIBLIOGRAPHIE
Au départ d'une telle fortune, la Pinacothèque Esterhàzy, acquise
en 1870, héritière de la Galerie Kaunitz de Vienne et de la collection du
Hongrois Marcell Nemes; cette dernière lui a apporté ses plus beaux espagnols,
ses Greco notamment. La collection s'est ensuite nourrie régulièrement
et l'ouvrage de Klàra Garas témoigne de la qualité des achat::;
effectués depuis vingt ans.
Une bonne place est réservée en effet aux acquisitions récentes dans
cet album de 64 reproductions qui se veut aussi représentatif de la
qualité et de la diversité du Musée de la capitale hongroise que l'anthologie
publiée en 1961 par le même auteur (1). Les commentaires viennenl
au secours des planches: bien des œuvres sont citées et le lecteur peut
se faire une bonne idée de la nature de ce patrimoine de 2 000 tableaux.
L'ouvrage est luxueux. Le texte et les reproductions, bien présentés,
:sont accompagnés d'un catalogue où l'on trouve avec plaisir les renseignements
d'usage: dimensions, origine, date d'achat et expositions où
les œuvres ont figuré.
s. s.
J. RUSSELL HARPER, La Peinture au Canada des origines à nos jours, Le:,
Presses de l'Université Laval, 1966, in-4°, 446 pages, 378 reproduc·
tions dont 70 en couleur.
Avouons sans honte que nous ne connaissions pas la peinture canadienne.
Ce beau volume, fort bien édité et abondamment illustré, comble
une lacune.
Dans la préface, l'auteur souligne l'importance d'une double tradition
qu'il s'agit de dégager sans parti pris. Tour à tour française par
:ses origines, puis anglaise, cette peinture deviendra véritablement nationale
pour s'engager sur une voie résolument originale.
Ce vaste panorama se subdivise chronologiquement en quatre parties
d'importance inégale: la colonie française (1665-1759), la période coloniale
anglaise (1759-1867), les premières années de la Confédération
(jusqu'en 1910), nationalisme et internationalisme après 1910; ces titre!
constituent les grands chapitres d'une étude solidement charpentée.
Les origines ne présentent qu'un intérêt local. Des œuvres religieuse:;
paraissent exécutées par des amateurs sous l'égide du clergé; paysage et
portrait ne dépassent pas un niveau des plus modestes.
Les œuvres des topographes militaires britanniques charment par
un mélange de précision et de naïveté. Ces officiers, trompant leur ennui
en maniant le pinceau, adoptent avec prédilection le procédé de l'aquarelle.
L'âge d'or au Québec se situe à la fin du XVIIIe siècle. Le portrait
connaît un grand succès. Bientôt apparaît le style néo-classique, introduit
au Canada par des artistes étrangers. Un Allemand, \Villiam von
MolI Berczy, réalise un chef-d'œuvre en peignant la Famille Wooisey
(1809, Galerie Nationale du Canada). Réunis dans un intérieur, les
membres de la famille ont d'abord posé séparément; le prix, fixé par
tête, était suffisamment élevé pour que le chien ait pu être offert gratuitement.
Parmi de nombreux portraits anonymes, on admire une Petite
Fille au Chat (coU. particulière) qui fait songer à Foujita.
(1) Les Grands MaUres de la Peinture au Musée des Beaux-Arts de Budapest.
Paris, Editions du Cercle d 'Art, 1961.