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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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L'ALIÉNATION ET LES AVATARS DE L'ONTOLOGIE 407<br />

pratico-inertes posées à toute praxis, les moments indépassables<br />

d'un mouvement qui n'est que dépassement pur et qui<br />

pourtant emploie toute sa transcendance à s'accomplir dans<br />

le fini. Ce n'est qu'en visant sa propre transcendance, en se<br />

prenant elle-même comme fin, que la praxis dépassera le <strong>de</strong>stin<br />

<strong>de</strong> son aliénation.<br />

On voit comment les schémas <strong>de</strong> l'aliénation <strong>de</strong> L'Etre et<br />

le Néant et <strong>de</strong> la Critique correspon<strong>de</strong>nt. Dans les <strong>de</strong>ux cas,<br />

la liberté se perd dans chacune <strong>de</strong> ses entreprises et doit<br />

apprendre à se viser elle-même, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ses buts<br />

finis. Or, cette ontologie <strong>de</strong> la liberté 8tH laquelle la théorie<br />

<strong>de</strong> l'aliénation se fon<strong>de</strong>, c'est avant tout une définition <strong>de</strong><br />

l'homme: transcendance, projet, praxis, ce sont autant<br />

d'affirmations <strong>de</strong> ce qui est fondamentalement humain<br />

dans l'homme, et <strong>de</strong> ce qui par l'aliénation se trouve continuellement<br />

en danger. Aujourd'hui, certaines interprétations<br />

du structuralisme nous font assister à un bouleversement <strong>de</strong>s<br />

perspectives ontologiques. Selon cette nouvelle mentalité le<br />

rapport entre l'humain et l'inhumain se renverse: <strong>de</strong>s forces<br />

profon<strong>de</strong>s, inconscientes, impensables, invisibles surtout<br />

domineraient l'homme, et s'il pouvait encore être aliéné, ce<br />

ne serait qu'en étant trop humain, en étant trop peu ouvert à<br />

ces forces insaisissables qui le dépassent. Pourtant la métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> Sartre pose un certain nombre <strong>de</strong> difficultés, que nous voudrions<br />

examiner un instant, et que nous pouvons résumer en<br />

disant qu'elle introduit une dimension, qui malgré l'aspect<br />

rationnel et humaniste <strong>de</strong> l'ontologie sur laquelle elle est fondée,<br />

n'en constitue pas moins une dimension invisible.<br />

Reprenant dans la Critique un problème <strong>de</strong> L'Etre et le<br />

Néant, Sartre se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si l'appartenance à une classe sociale<br />

ne donne pas à un individu un « caractère » qui le fait agir<br />

d'une façon déterminée. Citant Lanzmann, il admet. que<br />

l'homme « coïnci<strong>de</strong> exactement avec sa réalité objective » pour<br />

ajouter immédiatement que cette « réalité objective présente<br />

en elle-même une contradiction immédiatement visible : elle<br />

est à la fois l'individu et sa prédétermination dans la généralité<br />

C) ». Or, il sèmble bien que tout ce qui soit visible <strong>de</strong><br />

cet individu, c'est précisément l'ensemble <strong>de</strong>s déterminations,<br />

(1) C.R.D., p. 289.

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