DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

R. BunZINSKI 433
d'une réunion de famille, fourmille de petites observations incisives
ironisant la robustesse prussienne, amie du « bien boire
et bien manger » et les traditions de « la bonne société )). Die
Entdeckung Ostpreuf3ens (48), le meilleur récit de Budzinski
à côté de OstpreufJen ruft, rappelle, par certains aspects du
texte et des dessins qui l'illustrent, 1 'humour de Tristram
Shandy, que l'écrivain admirait d'ailleurs beaucoup. Budzinski
semble souvent faire un clin d'œil au lecteur et être en
quelque sorte de connivence avec lui. Il entreprend une expédition
de reconnaissance vers ce pays inconnu et lointain qu'est
la Prusse orientale. Il ne s'agit pas ici de glorification d'une
région, mais plutôt d'une présentation ironique de la configuration
géographique, de la faune, de la flore, des dieux et des
mœurs des habitants, sans pour autant que l'attachement de
Budzinski à sa terre natale cesse d'être perceptible. Il évoque
les grands hommes et les grandes découvertes que èette contrée
donna au monde : le « Skat )), le « Kumst », le « Grog 1) •••
Il dénonce la lourdeur et l'indifférence des paysans, la présence,
à côté des dieux immortels et éternels tels que Donnar,
Perkunos ... , des véritables dieux de l'époque: le Dollar, la
Bourse et la Bêtise. L'auteur aime aussi jouer avec les mots et
les sons, comme dans cet épisode où il jongle avec les noms
pittoresques des localités de la région (49). Il semble avoir
hérité un peu de l'esprit de H. Heine, l'écrivain auquel, Gœthe
excepté, allaient ses préférences.
Les récits de Budzinski témoignent d'une imagination et
d'une fantaisie très riches. L'artiste aime l'atmosphère du conte
et le mystère. Il composa pour ses enfants et petits-enfants des
contes charmants accompagnés d'illustrations, tels que Die
Glockenblume (50), histoire d'une fleur des bois qui découvre
le monde et les humains, assiste à l'idylle d'un jeune couple,
que la guerre séparera, et s'étiole peu à peu pour réintégrer
Humoresken und Grofesken ausgewiihlt von A. Goldsfein, Bücherkreis
GMBH, Berlin, 1929, pp. 29 et suiv.
(0) Die Enfdeckung Osfpreupens, 1932. Nouvelle édition : Grafe
und Unzer, Munich, 1958.
(.') Die Enfdeckung Osfpreupens, Grafe und Unzer, Munich, 1958,
pp. 38-39.
(50) Die Glockenblume, E. Matthes, Leipzig Hartenstein, 1919.