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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Première partie: proposition théorique - Chapitre 2<br />

Ce mouvement concerne à <strong>la</strong> fois le processus <strong>de</strong> l'acte et ses effets:<br />

Ce mouvement vise <strong>de</strong>ux objectifs: l'appropriation du contrôle du processus <strong>de</strong> l'acte,<br />

l'appropriation <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> l'acte. En somme, si tout acte se définit par le pouvoir qu'il a <strong>de</strong><br />

modifier son environnement extérieur auquel il s'applique, cette définition ne préjuge en rien<br />

du statut du sujet l7 par rapport à l'acte qu'il accomplit. <strong>La</strong> non-possibilité d'appropriation <strong>de</strong><br />

son acte par le sujet n'empêche pas que cet acte développera quand même du pouvoir, mais<br />

le sujet, dans ce cas, ne sera pas en mesure <strong>de</strong> contrôler ni le processus d'exécution <strong>de</strong> l'acte<br />

ni les effets <strong>de</strong> l'acte. Par là, il ne <strong>pour</strong>ra ni prendre intérêt ni trouver p<strong>la</strong>isir à agir (Men<strong>de</strong>l,<br />

J992: 15-16).<br />

Il est donc ici question du rapport entre mon<strong>de</strong> intérieur et mon<strong>de</strong> extérieur. Selon Men<strong>de</strong>l<br />

(1992: 155), ce mouvement constitue le fon<strong>de</strong>ment du rapport <strong>de</strong> l'individu au mon<strong>de</strong> extérieur<br />

et, « par là, <strong>un</strong> constituant fondamental du sentiment d'i<strong>de</strong>ntité ». Ce mouvement d'appropriation<br />

<strong>de</strong> l'acte témoigne <strong>de</strong> <strong>la</strong> tentative <strong>de</strong> retrouver le sentiment <strong>de</strong> toute-puissance dont parle<br />

Winnicott. Le mouvement même d'accomplissement d'<strong>un</strong> acte confronte l'individu aux limites<br />

<strong>de</strong> son pouvoir, et par là aux limites <strong>de</strong> son mon<strong>de</strong> intérieur. En effet, tout acte part <strong>de</strong> l'individu,<br />

mais lui échappe <strong>un</strong>e fois qu'il est accompli. C'est par ce mouvement que l'individu peut<br />

s'i<strong>de</strong>ntifier, comme nous l'avons vu dans <strong>la</strong> section précé<strong>de</strong>nte. Alors que Winnicott développe<br />

comment se structure <strong>la</strong> dynamique associée à l'i<strong>de</strong>ntification, il ne fuit qu'introduire <strong>la</strong> question<br />

<strong>de</strong> l'appropriation en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> possession d'<strong>un</strong> objet transitionnel. Men<strong>de</strong>l prolonge donc <strong>la</strong><br />

réfJexion <strong>de</strong> Winnicott en explicitant ce processus d'appropriation/désappropriation <strong>de</strong> l'acte, qui<br />

consiste à tenter <strong>de</strong> se (ré)approprier cet acte qui échappe à l'individu.<br />

L'acte, qui nous échappe à peine est-il accompli, apparaît si évi<strong>de</strong>mment comme nôtre,<br />

comme émanant <strong>de</strong> <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> notre être, qu'on n'est porté aussi fortement à se<br />

l'approprier qu'afin <strong>de</strong> recouvrer l'intégrité corporelle et psychique écornée par cette <strong>sortie</strong> <strong>de</strong><br />

nous qui est en même temps l'entrée dans <strong>un</strong> mon<strong>de</strong> (social) qui n'est plus nous (Men<strong>de</strong>l,<br />

1992:16).<br />

Men<strong>de</strong>l (1992: 211) se réfère à Freud qui abordait déjà partiellement ce mouvement<br />

d'appropriation en termes <strong>de</strong> «pulsion d'emprise »18. Freud prend l'exemple du «jeu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

bobine» qu'il peut observer chez son petit-fils <strong>de</strong> dix-huit mois. L'enfant tente par ce jeu <strong>de</strong><br />

conjurer l'absence <strong>de</strong> sa mère en faisant disparaître et réapparaître <strong>la</strong> bobine à son gré dans son<br />

lit, faisant ainsi J'apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation par l'action symbolique. Or Freud n'y voit que<br />

l'aspect fantasmatique: <strong>la</strong> maîtrise par J'enfant <strong>de</strong> sa mère imaginaire en <strong>la</strong> projetant sur <strong>la</strong><br />

17 C'eSl Men<strong>de</strong>l qui souligne.<br />

18 Plutôt que <strong>de</strong> « pulsion d'emprise », Men<strong>de</strong>l (1992) parle <strong>de</strong> « vouloir <strong>de</strong> création ».<br />

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