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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 5<br />

qu'à <strong>un</strong> emploi en accord avec ses désirs <strong>de</strong> réalisation personnelle. Rappelons que ce répondant<br />

n'a cessé d'investir le milieu sco<strong>la</strong>ire, notamment parce qu'il y trouvait <strong>la</strong> <strong>reconnaissance</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

professeures significatives. Les autres répondants étaient au contraire peu qualifiés en sortant <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> rue, ce qui augmente leur difficulté à occuper <strong>un</strong>e position professionnelle valorisante. En<br />

effet, ils expliquent que, non seulement, ils pouvaient parfois gagner davantage d'argent dans <strong>la</strong><br />

rue, mais surtout, en occupant <strong>un</strong> emploi précaire, ils ne se sentent pas moins marginalisés, si ce<br />

n'est plus, que lorsqu'ils étaient dans <strong>la</strong> rue. Par ailleurs, comme nous J'avons vu, <strong>la</strong> <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rue commence déjà dans <strong>la</strong> rue et durant ce processus, les répondants désiraienl occuper <strong>un</strong>e<br />

nouvelle position sociale, mais occupait toujours d'<strong>un</strong>e certaine façon, du moins aux yeux <strong>de</strong>s<br />

autres, <strong>la</strong> position <strong>de</strong> je<strong>un</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue. Le fail d'être <strong>un</strong>iquement reconnu comme je<strong>un</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue (et<br />

non comme capable <strong>de</strong> s'en sortir), avec les dynamiques discriminatoires qui peuvent y être<br />

associées, peut constituer <strong>un</strong> obstacle à J'appropriation d'<strong>un</strong>e nouvelle position. Frédéric et André<br />

expliquent par exemple qu'il leur était difficile <strong>de</strong> louer <strong>un</strong> logement ou <strong>de</strong> trouver <strong>un</strong> travail en<br />

raison <strong>de</strong> leur passé <strong>de</strong> je<strong>un</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue. En outre, les problématiques <strong>de</strong> santé, notamment liées à<br />

<strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> drogues, pouvaient constituer elles aussi <strong>un</strong> obstacle <strong>pour</strong> assumer les<br />

responsabilités liées à <strong>un</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie plus conventionnel (gérer son budget, occuper <strong>un</strong> emploi<br />

stable, etc.). À ce sujet, lorsque nous leur avons <strong>de</strong>mandé s'ils pouvaient i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s éléments<br />

ayant rendu leur <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue plus difficile, tous les répondants <strong>de</strong> cette catégorie ont<br />

mentionné, notamment, <strong>la</strong> dépendance à <strong>la</strong> drogue.<br />

I : pis est-ce qu'il y a <strong>de</strong>s éléments qui ont rendu par contre <strong>la</strong> <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue plus difficile?<br />

R : ben c'est sûr que <strong>la</strong> dope. <strong>La</strong> dope, quand t'es là-<strong>de</strong>dans, c'est <strong>un</strong> facteur qui t'ai<strong>de</strong> pas<br />

pantoute. Pis je te dirais, le côté marginalité: y en a pJein qui ont <strong>de</strong>s préjugés. Y en a bien<br />

qui ont <strong>de</strong>s préjugés contre ça. Tsé, tu vas arriver avec <strong>un</strong>e couple <strong>de</strong> tes chums, on est sur<br />

l'ai<strong>de</strong> sociale, on veut s'en sorlir, on veut se trouver <strong>un</strong> appart, mais <strong>un</strong> tel il a <strong>un</strong> coat <strong>de</strong> cuir<br />

slud, l'autre il a <strong>un</strong> mohawk sur <strong>la</strong> tête, tsé, tu peux pas ... mettons que tu passes le <strong>de</strong>rnier sur<br />

<strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s appartements! Même si l'es <strong>de</strong> bonne volonté, même si tu vas payer, même si t'as<br />

<strong>de</strong>s références, ben ça, ça ai<strong>de</strong> pas. Pis je te dirais, yuand t'es dans <strong>la</strong> rue, t'es pas super<br />

propre non plus, fait que ça, ça ai<strong>de</strong> pas non plus à t'en sortir. Je sais qu'aujourd'hui, t'as le<br />

CLSC <strong>de</strong>s Faubourgs, tu peux aller prendre ta douche, ça je pense que c'est très bon <strong>pour</strong><br />

quelqu'<strong>un</strong> qui veut s'en sortir. Il a <strong>de</strong>s bons outils (Frédéric, 28 ans, sorti <strong>de</strong>puis 4 ans).<br />

On voit que Frédéric (et il n'est pas le seul) parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> drogue comme d'<strong>un</strong> «facteur », comme si<br />

le produit agissait <strong>de</strong> façon indépendante par rapport à lui en tant qu'obstacle à <strong>la</strong> <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue.<br />

Gilbert (2004: 347) a aussi observé <strong>la</strong> tendance <strong>de</strong>s je<strong>un</strong>es <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue à se représenter <strong>la</strong><br />

toxicomanie comme <strong>un</strong>e partie autonome face à eux-mêmes, voire comme <strong>la</strong> principale source du<br />

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