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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 7<br />

risque, recherche du danger et <strong>de</strong> l'aventure, bref, <strong>un</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie général axé sur le jeu entre <strong>la</strong><br />

vie et <strong>la</strong> mort et comprenant <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> relever <strong>un</strong> défi, qui conférerait <strong>un</strong> sens à leur<br />

existence. On retrouve notamment chez ces répondants <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>structrices qui rappellent<br />

celles <strong>de</strong>s répondants ayant connu <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions parentales <strong>de</strong> négation (consommation à risque,<br />

les amenant à faire <strong>de</strong>s overdoses, à contracter <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies, à développer <strong>de</strong>s abcès, etc.). Mais<br />

davantage que <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> soi, c'est l'approche, plus moins volontaire, <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort qui est<br />

mise <strong>de</strong> J'avant dans ces conduites. À travers toutes ces pratiques qui évoquent plus ou moins<br />

explicitement <strong>un</strong> jeu avec <strong>la</strong> mort ou <strong>la</strong> rencontre avec elle, on distingue <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> tester les<br />

limites physiques <strong>de</strong> son corps. On voit que celui-ci est maltraité et poussé à bout, moins dans<br />

<strong>un</strong>e logique <strong>de</strong> renchérissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> soi amorcée dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion parentale<br />

(répondants ayant connu <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions parentales <strong>de</strong> négation), que dans <strong>un</strong>e logique <strong>de</strong> test <strong>de</strong> ses<br />

propres limites. C'est comme si, n'ayant pas disposé durant leur enfance <strong>de</strong> repères symboliques<br />

c<strong>la</strong>irs <strong>pour</strong> délimiter leur i<strong>de</strong>ntité, ces répondants avaient besoin <strong>de</strong> mettre à jour leurs limites<br />

physiques. Le Breton (1991 : 17) explique que <strong>la</strong> limite est <strong>un</strong>e nécessité anthropologique qui<br />

pennet d'exister en se situant par rapport à <strong>de</strong>s repères symboliques délimités. Selon lui, les<br />

conduites à risque s'inscrivent dans <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> ces limites au niveau physique, lorsqu'elles<br />

sont absentes au niveau symbolique: « Trouver <strong>un</strong>e Jimite physique là Ol! les limites symboliques<br />

font défaut; se tracer soi-même <strong>un</strong> contenant (con<strong>la</strong>ining) <strong>pour</strong> se sentir enfin exister, contenu <strong>de</strong><br />

manière provisoire et durable ».<br />

Cet auteur explique que dans bien <strong>de</strong>s cas, <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> risque vise à «charmer symboliquement <strong>la</strong><br />

mort », afin <strong>de</strong> fixer les limites <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> celle-ci. Le fait <strong>de</strong> poser <strong>un</strong> défi à <strong>la</strong> mort<br />

renforce <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> son existence, puisque <strong>la</strong> vie ressort gagnante <strong>de</strong> J'affrontement avec Ja<br />

mort. Il compare ces conduites à <strong>un</strong>e forme mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> J'ordalie, rite judiciaire moyenâgeux qui<br />

consistait à <strong>la</strong>isser Je soin à <strong>un</strong>e force divine <strong>de</strong> juger <strong>de</strong>s cas judiciaires trop délicats. Lors <strong>de</strong> ce<br />

rite, on abandonnait le présumé coupable d'<strong>un</strong> délit aux forces divines dans <strong>de</strong>s situations<br />

périlleuses appe<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> mort (par exempJe, on le livrait aux flots avec, <strong>pour</strong> toute protection, <strong>un</strong><br />

ra<strong>de</strong>au <strong>de</strong> fort<strong>un</strong>e). S'il périssait, c'est qu'il avait été jugé coupable par les dieux et <strong>la</strong> mort<br />

représentait <strong>la</strong> p<strong>un</strong>ition méritée. Mais s'il s'en sortait, non seulement il était reconnu comme<br />

innocent, mais il gagnait le respect <strong>de</strong> ses concitoyens du fait d'avoir frôlé <strong>de</strong> si près le divin et<br />

d'avoir été épargné par sa puissance. C'est comme si le fait qu'il s'en soit sorti accordait <strong>un</strong>e<br />

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