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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentai ion <strong>de</strong>s résul<strong>la</strong>ts - Chapilre 5<br />

son rôle <strong>de</strong> conjointe, mais aussi <strong>de</strong> mère. En effet, elle avait renoncé à assumer ce rôle<br />

lorsqu'elle était dans <strong>la</strong> rue, <strong>la</strong>issant à ses parents le soin <strong>de</strong> s'occuper <strong>de</strong> son fils. Elle reconnaît<br />

son conjoint comme capable d'être <strong>un</strong> bon père <strong>pour</strong> son fils et le fait d'être en couple avec lui,<br />

lui renvoie <strong>un</strong>e image d'elle-même en tant qu'adulte autonome, alors qu'elle se concevait<br />

davantage comme <strong>un</strong>e adolescente dans <strong>la</strong> rue. Rappelons qu'André a dix ans <strong>de</strong> plus qu'elle et<br />

qu'il est très bien accepté par les parents <strong>de</strong> Jocelyne, qui le considèrent comme responsable.<br />

R : même [mon fils], il commence à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r [<strong>de</strong> venir habiter chez nous]. Pis moi ça fait<br />

quand même cinq ans que je suis avec mon copain. Pis tsé, les <strong>de</strong>ux ensemble, on dirait le<br />

père pis le gars. C'est l'enfer là. Pis c'est ça, je sais que mon copain, il va être bon <strong>pour</strong> lui,<br />

pis je sais que je serai capable <strong>de</strong> m'en occuper. C'est <strong>pour</strong> ça que là, oui, je suis prête à le<br />

reprendre mais voilà <strong>de</strong>ux ans, je J'étais pas<br />

1: <strong>pour</strong>quoi t'étais pas prête y a <strong>de</strong>ux ans?<br />

R : parce que j'étais pas encore <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> mes niaiseries d'adolescentes finalement. Je venais<br />

<strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue. Parce que là, ça fait quand même <strong>de</strong>ux ans, fait que c'est <strong>un</strong> petit peu plus<br />

loin là (Jocelyne, 24 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 2 ans).<br />

C<strong>la</strong>ire et Alex ont eux aussi investi <strong>un</strong>e re<strong>la</strong>tion cie couple <strong>de</strong> longue durée, mais leurs conjoints<br />

respectifs n'étaient pas dans <strong>la</strong> rue au moment où les ont rencontrés, alors qu'eux oui. C<strong>la</strong>ire relie<br />

sa <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue non seulement sa re<strong>la</strong>tion avec son premier conjoint, avec qui elle est restée six<br />

ans avant cI'en épouser <strong>un</strong> autre, mais aussi avec le fait d'avoir été acceptée telle qu'elle était par<br />

<strong>la</strong> famille <strong>de</strong> celui-ci. Elle raconte qu'ils lui offraient cles ca<strong>de</strong>aux, l'invitaient à leurs fêtes <strong>de</strong><br />

famille et lui disaient qu'ils <strong>la</strong> trouvaient clrôle et sympathique. Elle associe son copain et sa<br />

famille à <strong>la</strong> normalité à <strong>la</strong>quelle elle aspirait, sans s'en rendre vraiment compte.<br />

1: est-ce que tu te rappelles <strong>de</strong> manière générale d'éléments qui ont rendu plus facile ta <strong>sortie</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rue?<br />

R : ben mon chum, c'était mon chum. C'était tout mon chum pis sa famille dans le fond.<br />

C'est <strong>de</strong> voir <strong>un</strong>e famille ordinaire, pis on al<strong>la</strong>it là-bas, pis on dirait que ça me tentait d'avoir<br />

<strong>un</strong>e vie normale (C<strong>la</strong>ire, 27 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 6 ans).<br />

Déjà lorsque C<strong>la</strong>ire et Alex étaient dans <strong>la</strong> rue, il était important <strong>pour</strong> eux <strong>de</strong> sentir que leur<br />

i<strong>de</strong>ntité marginale était reconnue par quelqu'<strong>un</strong> qu'ils associaient à <strong>la</strong> normalité, comme si ce<strong>la</strong><br />

Jeur confirmait qu'ils pouvaient être acceptés dans <strong>la</strong> normalité (le centre plutôt que <strong>la</strong> marge),<br />

sans <strong>pour</strong> autant répondre complètement aux attentes <strong>de</strong> normalité <strong>de</strong>s autres. De plus, selon<br />

Castel (1998 : 116) :<br />

L'établissement d'<strong>un</strong>e re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> couple avec <strong>un</strong>e personne ne se droguant pas est souvent<br />

détenninant dans <strong>la</strong> mesure où elle offre <strong>un</strong> nouvel espace d'intégration sociale et permet à <strong>la</strong><br />

fois <strong>de</strong> redécouvrir le p<strong>la</strong>isir sans <strong>la</strong> drogue.<br />

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