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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Première partie: proposition théorique - Chapitre 1<br />

particulièrement pertinente <strong>pour</strong> comprendre <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong>s je<strong>un</strong>es <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue. Comme nous le<br />

verrons plus loin, selon <strong>de</strong>s auteurs comme Parazelli (1997) ou Jeffrey (1995), cette forme <strong>de</strong><br />

marginalité juvénile peut être justement lue comme <strong>un</strong>e quête <strong>de</strong> sens associée aux difficultés<br />

propres à notre société caractérisée par <strong>un</strong>e individualisation croissante du lien social.<br />

ZolJ (1992) et Bajoit (2000) insistent particulièrement sur les difficultés associées à <strong>la</strong> mutation<br />

culturelle qui p<strong>la</strong>ce les je<strong>un</strong>es face à <strong>la</strong> coexistence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux systèmes <strong>de</strong>s références normatives<br />

différents. En effet, selon ces auteurs, le modèle culturel industriel, fondé sur les valeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mo<strong>de</strong>rnité et <strong>de</strong> J'individualisme bourgeois, perd progressivement sa capacité à donner du sens et<br />

fon<strong>de</strong>r <strong>la</strong> légitimité <strong>de</strong>s conduites. Cet « ancien modèle culturel» est en train <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r le pas à <strong>un</strong><br />

«nouveau modèle culturel », <strong>pour</strong> reprendre les termes <strong>de</strong> Zoll. L'apport principal du nouveau<br />

modèle culturel est <strong>la</strong> primauté <strong>de</strong> l'individu sur le collectif et, partant, ],impol1ance donnée à <strong>la</strong><br />

recherche <strong>de</strong> l'autoréalisation personnelle. <strong>La</strong> coexistence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux systèmes <strong>de</strong> valeurs n'est<br />

pas sans impact sur <strong>la</strong> socialisation <strong>de</strong>s individus, particulièrement <strong>de</strong>s je<strong>un</strong>es, qui tentent <strong>de</strong><br />

donner <strong>un</strong> sens à leur existence, mais se heurtent à <strong>de</strong>s repères normatifs embrouillés, voire<br />

contradictoires.<br />

Le sociologue et anthropologue Le Breton (2003 : 23-24) explique que <strong>la</strong> crise d'adolescence<br />

reflète traditionnellement le conflit entre les désirs d'autonomie du je<strong>un</strong>e et les possibilités <strong>de</strong><br />

réalisation que lui offre <strong>la</strong> société: «Lors <strong>de</strong> l'adolescence se réalise <strong>la</strong> symbolisation du fail<br />

d'exister et l'entrée active, au titre <strong>de</strong> partenaire à part entière, dans <strong>un</strong>e société oll il est possible<br />

d'éprouver en soi le goût <strong>de</strong> vivre ». Or, il constate, tout comme 2011 et Bajoit, que dans <strong>un</strong>e<br />

société <strong>de</strong> plus en plus individualisée, les normes <strong>de</strong> pal1icipation sociale ne font plus consensus<br />

et on en appelle <strong>de</strong> plus en plus à <strong>la</strong> responsabilité et à l'autoréalisation individuelles. Dans ce<br />

contexte, chac<strong>un</strong> est sommé <strong>de</strong> se bricoler <strong>de</strong>s repères normatifs par lui-même afin <strong>de</strong> prendre sa<br />

p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> société. Le Breton (2003 : 24) parle <strong>de</strong> « surenchère <strong>de</strong> l'indécis sur le probable qui<br />

empêche souvent <strong>de</strong> pouvoir se projeter dans <strong>un</strong> avenir prévisible et heureux» et Bajoit (2005 :<br />

2) <strong>de</strong> « temps d'incertitu<strong>de</strong> ». Ce contexte <strong>de</strong> multiplicité <strong>de</strong>s repères normatifs et d'incertitu<strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>isse <strong>un</strong>e plus gran<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> créativité et aux désirs <strong>de</strong> réalisation personnels. Toutefois, ces<br />

auteurs soulignent que certains le vivent plus durement que d'autres, selon notamment <strong>de</strong>s<br />

« capitaux sociaux» dont jls disposent et leur âge.<br />

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