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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 5<br />

déchéance et <strong>de</strong> l'attractivité que ces lieux exercent sur lui. Pour ces répondants, davantage que<br />

<strong>pour</strong> les autres, l'expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue paraît trop intense <strong>pour</strong> qu'elle soit compatible avec leur<br />

<strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue. C'est comme si, à l'image <strong>de</strong> l'attractivité <strong>de</strong>structrice qui caractérise leur<br />

re<strong>la</strong>tion à leurs parents, <strong>la</strong> <strong>reconnaissance</strong> vécue dans <strong>la</strong> rue était indissociable d'<strong>un</strong> rapport à soi<br />

annihi<strong>la</strong>nt. David explique ce caractère indissociable <strong>de</strong> l'attractivité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction,<br />

exprimées respectivement par l'idée <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir et <strong>de</strong> gaspil<strong>la</strong>ge associés aux lieux urbains. Au<br />

cours <strong>de</strong> son entrevue, André parle padois du côté attractif d'<strong>un</strong>e certaine simplicité <strong>de</strong> VIe<br />

associée à <strong>la</strong> rue, mais palfois il exprime sa peur d'être i<strong>de</strong>ntifié à <strong>la</strong> déchéance, illustrée par<br />

l'image, amenée par plusieurs répondants, <strong>de</strong> l'itinérant plus âgé considérablement détruit par <strong>la</strong><br />

vie <strong>de</strong> rue. Il explique que cette <strong>de</strong>struction <strong>pour</strong>rait aller <strong>de</strong> pair avec <strong>un</strong> enfermement dans <strong>la</strong> rue<br />

sans auc<strong>un</strong>e possibilité <strong>de</strong> s'en sortir. C'est aussi cette attraction, en même temps que <strong>la</strong> peur <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> déchéance, que décrit Pascale, qui distingue sa position <strong>de</strong> je<strong>un</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> « grosse<br />

matante ivrogne» qu'elle <strong>pour</strong>rait <strong>de</strong>venir en vieillissant. C'est comme si, en <strong>de</strong>venant adulte, <strong>la</strong><br />

rue perdait <strong>pour</strong> eux son caractère initiatique ou d'insouciance associée à <strong>la</strong> je<strong>un</strong>esse et à<br />

l'absence <strong>de</strong> responsabilités (à <strong>la</strong>quelle fait référence André) et son aspect <strong>de</strong>structeur prenait<br />

davantage d'importance.<br />

R : [... ] quand je suis loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, c'est plus facile <strong>pour</strong> moi, y a moins <strong>de</strong> tentations <strong>pour</strong><br />

me geler. Parce que si je marche dans le centre-ville, à chaque coin <strong>de</strong> rue, j'ai <strong>un</strong> souvenir <strong>de</strong><br />

quand je me ge<strong>la</strong>is. Pis je me piquais dans ce coin-là, j'achetais sur cette rue-là, après ça, y<br />

avait <strong>un</strong> ven<strong>de</strong>ur sur l'autre coin <strong>de</strong> rue.... Entre Papineau pis St-<strong>La</strong>urent, oublie ça, c'est<br />

comme à tous les coins <strong>de</strong> rue. Je me promène sur Ste-Catherine, pis <strong>de</strong>s fois, les souvenirs,<br />

pis tout. ..<br />

1: qu'est-ce que ça te fait, ces souvenirs-là?<br />

R : ben... j'ai eu du p<strong>la</strong>isir aussi. Des fois je m'en ennuie <strong>de</strong> ce temps-là. Parce que c'était les<br />

plus belles années <strong>de</strong> ma vie que j'ai gaspillées aussi (David, 31 ans, sorti <strong>de</strong>puis 4 ans).<br />

Moi ça m'attire plus [<strong>la</strong> rue]. Ça fait son temps. Rendu à trente-quatre ans, vivre dans <strong>la</strong> rue,<br />

pis c'est tous <strong>de</strong>s je<strong>un</strong>es! Ou c'est <strong>de</strong>s personnes cn-haut <strong>de</strong> trente ans, mais saouls pis gelés<br />

comme <strong>de</strong>s balles à <strong>la</strong> journée longue. Tu peux pas prendre <strong>un</strong>e conversation, les trois quarts<br />

du temps, ils sont tout déboussolés et maganés par <strong>la</strong> drogue. Y en a qui sont corrects, je dis<br />

pas le contraire, qui vont travailler. Crisse, mais ceux-là, ils te parlent pas, parce qu'ils ont<br />

peur que tu sois justement comme je te décris.<br />

[ ...]<br />

Tsé, y en a qui peuvent réellement pas s'en sortir, parce qu'ils sont trop maganés (André, 34<br />

ans, sorti <strong>de</strong>puis 2 ans).<br />

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