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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Première partie: proposition théorique - Chapilre 2<br />

Cette parenthèse refermée, nous pouvons conclure que <strong>la</strong> négociation repose sur les acquis <strong>de</strong>s<br />

processus d'i<strong>de</strong>ntification et d'appropriation, dans lesquels l'individu s'est heurté à <strong>la</strong> résistance<br />

du mon<strong>de</strong> extérieur. Il a appris à tenir compte <strong>de</strong> cette résistance (les règles du jeu intériorisées<br />

dont parle Mead) et c'est à partir d'elle qu'il va négocier sa position i<strong>de</strong>ntitaire. Paradoxalement,<br />

il va donc négocier, tout en sachant qu'<strong>un</strong>e partie <strong>de</strong> cette négociation lui échappe, puisqu'elle<br />

repose sur <strong>de</strong>s « règles du jeu» qu'il ne maîtrise pas car elles relèvent du mon<strong>de</strong> extérieur. C'est<br />

justement <strong>pour</strong> essayer <strong>de</strong> maîtriser au mieux sa position qu'il va sans cesse négocier ces règles,<br />

comme J'explique Dubar (1996). Précisons que cette négociation est possible justement parce que<br />

l'individu est capable <strong>de</strong> s'i<strong>de</strong>ntifier et qu'il a pu amorcer <strong>un</strong> mouvement d'appropriation. On ne<br />

peut négocier sans contenu désiré <strong>pour</strong> soi et autrui. On peut dire que <strong>la</strong> négociation i<strong>de</strong>ntitaire<br />

concerne surtout le «moi» dont parle Mead, c'est-à-dire l'image cognitive que l'individu se fait<br />

<strong>de</strong> lui-même.<br />

Dubar (1996: 112-117) distingue <strong>de</strong>ux aspects du «moi» <strong>de</strong> Mead, qu'il qualifie d'« i<strong>de</strong>ntité<br />

<strong>pour</strong> soi» et d'« i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> autrui ». En effet, chac<strong>un</strong> est i<strong>de</strong>ntifié par autrui (i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong><br />

autrui), mais peut refuser cette i<strong>de</strong>ntification et se définir davantage à partir <strong>de</strong> lui-même (i<strong>de</strong>ntité<br />

<strong>pour</strong> soi). L'i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> autrui est définie par <strong>de</strong>s «actes d'attribution », tels que l'attribution<br />

d'<strong>un</strong>e i<strong>de</strong>ntité numérique (état civil, numéro d'i<strong>de</strong>ntification, etc.) ou d'<strong>un</strong>e i<strong>de</strong>ntité générique<br />

(profession, c<strong>la</strong>sse d'âge, etc.). L'i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> soi se définit à travers <strong>de</strong>s «actes<br />

d'appartenance» qui concernent l'intériorisation active <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité par l'individu lui-même et<br />

qui sont fortement liés à <strong>la</strong> trajectoire <strong>de</strong> l'individu. Chac<strong>un</strong> <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux mécanismes<br />

d'i<strong>de</strong>ntification contient <strong>un</strong>e dimension d'appartenance au groupe et lIne dimension d'<strong>un</strong>icité (se<br />

distinguer du groupe). Ainsi, par exemple, le groupe auquel l'individu aimerait appartenir<br />

(i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> soi) n'est pas forcément le même que celui auquel il appartient aux yeux <strong>de</strong>s autres<br />

(i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> autrui). De même, ce qui le distingue aux yeux <strong>de</strong>s autres (i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> autrui) ne<br />

correspond par nécessairement à ce <strong>pour</strong> quoi il pense ou désire être <strong>un</strong>ique (i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> soi).<br />

Ces <strong>de</strong>ux mécanismes d'i<strong>de</strong>ntification ne coïnci<strong>de</strong>nt pas forcément. Lorsque leurs résultats<br />

diffèrent, l'individu est amené à mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s stratégies i<strong>de</strong>ntitaires <strong>de</strong>stinées à réduire<br />

l'écart entre les <strong>de</strong>ux i<strong>de</strong>ntités (<strong>pour</strong> soi et <strong>pour</strong> autrui) : c'est ce qu'on appelle <strong>la</strong> négociation<br />

i<strong>de</strong>ntitaire. Dubar distingue <strong>de</strong>ux stratégies <strong>de</strong> négociation i<strong>de</strong>ntitaire: <strong>la</strong> «transaction<br />

objective », visant à accommo<strong>de</strong>r l'i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> soi à l'i<strong>de</strong>ntité <strong>pour</strong> autrui ou <strong>la</strong> «transaction<br />

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