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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 6<br />

forcément d'incompatibilité entre ['affirmation <strong>de</strong> leur marginalité et leur <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, comme<br />

l'explique Marie-Jo, même si nous allons voir que leurs représentations <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

s'organisent aussi, d'<strong>un</strong>e certaine manière, autour d'<strong>un</strong> imaginaire <strong>de</strong> normalité.<br />

Pis moi, s'en sortir, ça veut pas dire vivre hyper straight. [... ] Parce que cette marginalité-là,<br />

je <strong>la</strong> reconnais donc. Pour moi elle est tellement importante en plus. Ça dépend ce que<br />

t'entends par « sortir <strong>de</strong> ». Moi « sortir <strong>de</strong> », ça vou<strong>la</strong>it dire être capable <strong>de</strong> vivre <strong>un</strong>e vie avec<br />

mes propres décisions, sans avoir peur <strong>de</strong> ce que l'autre va penser, parce qu'on est dans <strong>un</strong><br />

milieu <strong>de</strong> même, tsé (Marie-Jo, 28 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 12 ans).<br />

On voit aussi apparaître, dans les propos <strong>de</strong> cette répondante, l'association entre sa <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rue et J'affirmation <strong>de</strong> son indépendance. Ainsi, le repositionnement <strong>de</strong> ces répondantes s'inscrit<br />

aussi dans <strong>un</strong>e dynamique d'affirmation <strong>de</strong> leur indépendance, à travers l'appropriation d'<strong>un</strong>e<br />

position i<strong>de</strong>ntitaire plus autonome, qu'elles expriment notamment par l'expression « prendre sa<br />

vie en main ». Ce, malgré <strong>la</strong> peur à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> s'attacher et <strong>de</strong> se retrouver seule, comme le décrit<br />

Marianne. Dans le même ordre d'idée, Élise explique qu'il n'est pas toujours aisé <strong>de</strong> se défaire du<br />

conf011 <strong>de</strong> certains schémas psychologiques.<br />

C'est pas évi<strong>de</strong>nt, quand t'as <strong>un</strong> cheminement <strong>de</strong> même, tu t'es fait barouetter <strong>de</strong> tous les<br />

bords, on dirait que t'as l'impression que tu veux quasiment continuer à te faire barouetter,<br />

parce que c'est juste ça que t'as connu, mais en même temps, je pense que j'étais rendue à <strong>un</strong><br />

point où j'étais tannée, pis je me suis posé <strong>la</strong> question, je suis-tu prête à prendre ma vie en<br />

main, c'est quoi que je veux faire? (Marianne, 28 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 7 ans).<br />

C'est plus facile <strong>de</strong> rester dans ses patterns que <strong>de</strong> les casser. [...] À <strong>un</strong> moment donné, tu te<br />

dis que t'as <strong>un</strong> choix, tu te dis, ok, c'est soit que je continue à faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> drogue pis je meurs,<br />

soit que je prends ma vie en main. Une fois que t'as pris ce choix-là pis que t'as assumé, on<br />

dirait que tout va <strong>de</strong> soi-même. Moi je pense que dans <strong>la</strong> vie, quand tu veux vraiment t'ai<strong>de</strong>r<br />

pis quand tu veux vraiment t'en sortir à quelque part, tu t'en sors tsé. Parce qu'on a toujours<br />

le choix (Élise, 27 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 5 ans).<br />

Elles expliquent que <strong>la</strong> <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue est l'occasion <strong>pour</strong> elles <strong>de</strong> se retrouver face à elles­<br />

mêmes, alors qu'elles avaient tendance à s'oublier dans <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> type fusionnel<br />

lorsqu'elles étaient dans <strong>la</strong> rue, comme l'explique Stéphanie. De même, Camille fait référence à<br />

<strong>un</strong> épiso<strong>de</strong> où elle a vécu <strong>de</strong> l'humiliation <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> son copain et <strong>de</strong> ses amis et qui l'a fait<br />

beaucoup souffrir, mais aussi réaliser qu'elle désirait tellement l'amour <strong>de</strong>s autres, qu'elle<br />

s'oubliait dans ces contextes re<strong>la</strong>tionnels.<br />

Parce qu'après tout ça, ça faisait longtemps que j'avais pas été toute seule. Chez mes parents,<br />

je suis comme <strong>un</strong> peu toute seule, pis je peux rien faire ou juste me regar<strong>de</strong>r dans le miroir et<br />

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