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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 6<br />

Dans ce contexte, l'autonomie ne peut s'acquérir que par soi-même sans l'ai<strong>de</strong> du mon<strong>de</strong><br />

institutionnel et <strong>de</strong>s adultes. Dans cet imaginaire, il ne suffit que <strong>de</strong> se <strong>la</strong>isser gui<strong>de</strong>r par ses<br />

instincts naturels <strong>de</strong> survie <strong>pour</strong> trouver <strong>un</strong>e p<strong>la</strong>ce sociale (Parazelli, 1997 : 413).<br />

Chez les répondantes ayant vécu <strong>de</strong> l'abandon, cet imaginaire s'actualisait <strong>de</strong> façon plus évi<strong>de</strong>nte<br />

dans le groupe <strong>de</strong> pairs, qui leur semb<strong>la</strong>it permettre d'acquérir leur autonomie à travers<br />

l'initiation par leurs semb<strong>la</strong>bles. Par exemple, en se décrivant comme « out» (<strong>de</strong>hors, en ang<strong>la</strong>is),<br />

Marie-Jo exprime à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> part d'imaginaire qui entourait ces reJations et l'impression qu'eJJe<br />

avait alors d'être « en <strong>de</strong>hors» du social. Toutefois, rappelons que cet imaginaire, bien qu'iJ ait<br />

été très significatif <strong>pour</strong> ces je<strong>un</strong>es et qu'il leur ait, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart, effectivement permis <strong>de</strong><br />

compléter - au moins en partie - leur socialisation, reste <strong>de</strong> l'ordre du mythe. En effet, comme<br />

nous l'avons vu, bien qu'eJJe ait été partielle, <strong>la</strong> transmission normative qui s'est effectuée lors <strong>de</strong><br />

Jeur socialisation familiale a fortement marqué J'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s répondants. On ne peut donc pas<br />

dire «qu'iJs se sont faits tous seuls », bien au contraire, même s'il est vrai qu'ils ont dù,<br />

davantage que d'autres adolescents, se débrouiller <strong>pour</strong> compléter Jeur socialisation en al<strong>la</strong>nt par<br />

eux-mêmes chercher «les morceaux manquants ». Par aiUeurs, souvenons-nous que <strong>la</strong> rue, avec<br />

les différents Jieux et contextes re<strong>la</strong>tionnels qui y sont associés, même si eIJe est en marge <strong>de</strong>s<br />

insti tutions sociales tradi tionnelles, n'est pas « hors-social» et qu'elle comporte elle aussi ses<br />

normes et ses repères sociaux.<br />

Or, c'est comme si, du sentiment d'avoir été abandonnées, ces répondantes conservaient <strong>un</strong><br />

besoin profond <strong>de</strong> reJation à l'autre, al<strong>la</strong>nt jusqu'à <strong>la</strong> dépendance affective, comme si elles<br />

vou<strong>la</strong>ient s'accrocher soli<strong>de</strong>ment aux autres, afin d'éviter d'être à nouveau abandonnées ou<br />

encore, afin <strong>de</strong> réparer le sentiment d'abandon (d'éloignement) en établissant <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions si<br />

proches <strong>de</strong>s autres, à <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> <strong>la</strong> fusion, qu'il serait impossible <strong>de</strong> les séparer. C'est d'aiJJeurs<br />

dans <strong>de</strong>s termes qui rappellent <strong>la</strong> fusion qu'elles décrivent leurs re<strong>la</strong>tions avec leurs pairs, aussi<br />

bien au niveau <strong>de</strong>s liens qu'au niveau <strong>de</strong> l'homogénéité du groupe. Non seulement elles<br />

percevaient le groupe <strong>de</strong> pairs comme très <strong>un</strong>i, même physiquement (sentiment <strong>de</strong> gang, qui « se<br />

tient », lieux <strong>de</strong> vie comm<strong>un</strong>autaires, « les <strong>un</strong>s sur les autres », «collés », <strong>un</strong>is), mais en plus, le<br />

fait qu'ils se ressembJaient (par exempJe, <strong>pour</strong> Élise, ils avaient tous <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong><br />

consommation <strong>de</strong> drogues), leur donnait l'impression <strong>de</strong> se fondre dans le groupe. Élise et<br />

Camille décrivent dans <strong>de</strong>s termes simi<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> fusion et <strong>de</strong> dépendance affective leurs re<strong>la</strong>tions<br />

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