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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Conclusion générale<br />

marginaux, que sur <strong>de</strong>s faits dont <strong>la</strong> dangerosité est effective (Bellot et Morselli, 2003 : 8). Nos<br />

résultats confirment, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> ceux qui les ont vécus, que par <strong>un</strong> double mouvement<br />

d'aménagement <strong>de</strong> l'espace urbain ne <strong>la</strong>issant plus <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce à ces popu<strong>la</strong>tions (Bé<strong>la</strong>nger, 2005) et<br />

<strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> leurs dép<strong>la</strong>cements et <strong>de</strong> leurs pratiques, les orientations <strong>de</strong> gestion urbaine<br />

actuelles contribuent à créer <strong>un</strong> espace public d'où certains citoyens sont exclus, et cette<br />

exclusion est même légitimée par l'idéologie qui <strong>la</strong> sous-tend, comme l'exprime Mitchell (1997 :<br />

306) :<br />

My argument here is that anti-homeless <strong>la</strong>ws both reflect and reinforce a highly exclusionary<br />

sense of mo<strong>de</strong>rn citizenship, one that explicitly <strong>un</strong><strong>de</strong>rstands that excluding sorne people from<br />

their rights not only as citizens, but also as thinlUng, acting persons, is both good and jus\.<br />

En effet, c'est bien le droit <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions marginalisées à participer à <strong>la</strong> société qui est remis en<br />

question, puisqu'en définissant <strong>un</strong>e façon d'occuper l'espace, on en exclut d'autres, y compris les<br />

pratiques <strong>de</strong> survie <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue et par conséquent, les conditions même <strong>de</strong> leur<br />

existence. En faisant disparaître leur espace <strong>de</strong> vie et en interdisant leurs pratiques dans l'espace<br />

public, les gestionnaires urbains et les acteurs économiques créent les conditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> disparition<br />

<strong>de</strong> ces popu<strong>la</strong>tions, dont l'occupation <strong>de</strong> l'espace ne cadre pas avec l'imaginaire urbain qu'ils<br />

privilégient. Honneth (2006: 225-227) voit dans l'acte <strong>de</strong> rendre autrui invisible (comme en<br />

témoigne par exemple l'expression « regar<strong>de</strong>r à travers quelqu'<strong>un</strong> ») l'<strong>un</strong>e <strong>de</strong>s manifestations les<br />

plus explicites du déni <strong>de</strong> <strong>reconnaissance</strong>. Se comporter envers quelqu'<strong>un</strong> comme s'il n'existait<br />

pas ou était invisible constitue <strong>un</strong> acte <strong>de</strong> mépris à travers lequel on comm<strong>un</strong>ique<br />

intentionnellement à l'autre <strong>la</strong> négation <strong>de</strong> son existence.<br />

Si nos résultats portent sur <strong>de</strong>s trajectoires qui ont, dans llne certaine mesure, déjoué les risques<br />

d'enfermement dans <strong>la</strong> rue, d'autres recherches indiquent que penser que ce qui est hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue<br />

n'existe tout simplement plus relève d'<strong>un</strong>e pensée magique <strong>de</strong>s plus simplistes. Si les mesures<br />

d'aménagement et <strong>de</strong> gestion urbaine ont en effet réussi (partiellement, du moins), à rendre ces<br />

popu<strong>la</strong>tions invisibles dans l'espace pubjic, celles-ci ne se sont pas simplement vo<strong>la</strong>tilisées. Les<br />

observations <strong>de</strong>s intervenants du milieu <strong>la</strong>issent penser qu'eHes ont plutôt investi d'autres lieux,<br />

souvent plus souterrains, plus dangereux, plus éloignés <strong>de</strong>s ressources d'ai<strong>de</strong>. Sylvain Kirouac,<br />

<strong>de</strong> l'organisme l'Anonyme, travailleur <strong>de</strong> rue <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> quinze ans dans les rues <strong>de</strong><br />

Montréal, s'inquiète <strong>de</strong> <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> visibilité <strong>de</strong>s je<strong>un</strong>es <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue dans l'espace public:<br />

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