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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 5<br />

<strong>de</strong> vie, mais que le fait que sa mère se charge <strong>de</strong> son éducation l'a amenée à se déresponsabiliser,<br />

retardant le moment <strong>de</strong> s'approprier <strong>un</strong>e p<strong>la</strong>ce d'adulte autonome. Ces considérations rejoignent<br />

les observations <strong>de</strong> Charbonneau (2003: 144), qui a pu constater que, bien que le soutien<br />

maternel aux mères adolescentes leur soit précieux, il entraîne aussi, dans plusieurs cas, <strong>un</strong><br />

ralentissement du processus d'autonomisation <strong>de</strong> l'adolescente et le prolongement <strong>de</strong> sa<br />

dépendance à ses parents.<br />

Dans les trois cas, on voit que si l'attitu<strong>de</strong> parentale n'est plus perçue comme <strong>un</strong> contrôle strict <strong>de</strong><br />

leur vie, l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> compassion dont font preuve leurs parents à leur égard n'est perçue que<br />

comme <strong>un</strong>e <strong>reconnaissance</strong> partielle. En effet, si leurs parents reconnaissent les difficultés<br />

auxquelles font face leurs enfants, ainsi que leur part <strong>de</strong> responsabilité dans ces difficultés, ils ne<br />

reconnaissent pas <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> leur enfant <strong>de</strong> s'approprier <strong>un</strong>e position i<strong>de</strong>ntitaire autonome et<br />

<strong>de</strong> se prendre en charge eux-mêmes. Ainsi, s'il ne se sentent plus rejetés dans <strong>un</strong>e telle re<strong>la</strong>tion,<br />

ces répondants n'y perçoivent qu'<strong>un</strong>e <strong>reconnaissance</strong> partielle, parce qu'ils y sont reconnus en<br />

tanrque victime - ma<strong>la</strong><strong>de</strong> ou inconsciente - et non comme <strong>un</strong>e personne autonome. Comme nous<br />

l'avons vu, le départ <strong>de</strong> ces répondants dans <strong>la</strong> rue témoignait non pas d'<strong>un</strong>e dynamique proche<br />

<strong>de</strong> l'errance, mais bien d'<strong>un</strong> processus d'appropriation active <strong>de</strong> lieux urbains dans <strong>un</strong>e<br />

perspective d'affirmation <strong>de</strong> soi. Or, <strong>la</strong> compassion ne permet pas <strong>de</strong> reconnaître ces efforts<br />

d'affirmation <strong>de</strong> soi, les réduisant à <strong>un</strong> inci<strong>de</strong>nt problématique ou malheureux.<br />

À ce sujet, Pascale explique qu'elle ne se reconnaît pas vraiment dans <strong>la</strong> position d'handicapée<br />

gue lui attribue son père et qu'elle essaie <strong>de</strong> s'affirmer en lui montrant qu'elle est capable <strong>de</strong><br />

cuisiner, par exemple.<br />

R : ben mon père, il me voit comme <strong>un</strong>e personne ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. Pour lui, j'ai <strong>un</strong> handicap, je suis<br />

handicapée, ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, <strong>pour</strong> lui c'est ça, c'est sûr<br />

1 : qu'est-ce que ça te fait qu'il te voit comme ça? Est-ce que tu penses qu'il a raison?<br />

R : pas à ce point-là. Handicapé, mettons qu'il exagère, <strong>de</strong>s fois il prend <strong>de</strong>s gros mots je<br />

trouve là. Mais oui, il a raison sur certains points, que je peux pas travailler quarante heures,<br />

pis ça sert à rien, je ferais moins d'argent que là. Pis c'est ça, on essaie d'équilibrer les choses<br />

<strong>un</strong> peu. Je le vois <strong>un</strong>e fois, si c'est pas <strong>de</strong>ux, par semaine, plus souvent <strong>de</strong>ux fois maintenant.<br />

Avant, on mangeait tout le temps au restaurant. Là, astheure, j'aime mieux ça lui faire <strong>de</strong>s<br />

petites affaires. Il aime ça, <strong>de</strong>s sandwichs, aujourd'hui,il vou<strong>la</strong>it <strong>un</strong> grilled cheese, fait gue je<br />

lui ai fait <strong>un</strong> grilled cheese, pis il l'a super gros aimé. Pis je lui avais dit, ben amène du pain<br />

pis du fromage, parce que j'en aurai plus après le grilled cheese (Pascale, 25 ans, <strong>sortie</strong><br />

<strong>de</strong>puis 5 ans).<br />

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