03.07.2013 Views

La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Première partie: proposition théorique - Chapitre 2<br />

fusionner avec <strong>un</strong>e autre personne. Toutefois, l'individu gar<strong>de</strong> aussi en lui le souvenir que ce<br />

désir a été déçu par l'expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation. Cette séparation implique <strong>la</strong> <strong>reconnaissance</strong><br />

d'autrui en tant que personne indépendante, qui est <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> l'interaction (si je ne fais<br />

qu'<strong>un</strong> avec l'autre, comment puis-je entrer en interaction avec lui?). Ainsi, selon Winnicott, <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion à autrui est caractérisée par ce paradoxe entre désir <strong>de</strong> fusion et nécessi té<br />

d'indépendance. Cette indépendance n'est possible que si l'individu acquiert <strong>un</strong>e confiance en<br />

autrui suffisante <strong>pour</strong> parvenir à <strong>la</strong> « capacité d'être seul» (Winnicott, 1969). Ce n'est que<br />

lorsqu'il est sûr que ses besoins seront constamment satisfaits par autrui, même s'il tourne son<br />

attention aiJJeurs, que l'individu peut être seul. Quand il est sûr <strong>de</strong> l'amour maternel, par<br />

exemple, l'enfant peut rester seul sans inquiétu<strong>de</strong>. C'est parce qu'il a <strong>la</strong> conviction profon<strong>de</strong><br />

qu'autrui lui restera attaché même après qu'il ait retrouvé son indépendance que l'individu peut<br />

le reconnaître comme étant indépendant et donc se reconnaître lui aussi comme indépendant.<br />

Ainsi, chez Winnicolt,<strong>la</strong> <strong>reconnaissance</strong> désigne « Je double processus par lequel on affranchit<br />

et, simultanément, on lie émotionnellement l'autre personne» (Honneth, 2000: 131).<br />

Reconnaître autrui ne revient pas seulement à le prendre en compte sur le p<strong>la</strong>n cognitif, mais il<br />

s'agit <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong> ]' affection qu'on lui porte l'acceptation <strong>de</strong> son autonomie. <strong>La</strong> conséquence<br />

i<strong>de</strong>ntÎtaire <strong>de</strong> celle forme <strong>de</strong> <strong>reconnaissance</strong> est <strong>la</strong> confiance en soi qui permet l'autonomie. C'est<br />

le fait d'avoir intériorisé autrui et d'être sûr <strong>de</strong> son affection qui permet l'établissement <strong>de</strong> cette<br />

confiance.<br />

Selon Honneth (2000 : 163), celte confiance en soi est remise en question lorsqu'on ne reconnaît<br />

pas à <strong>un</strong> individu le droit à son intégrité physique. <strong>La</strong> violence physique - nous dirions même<br />

toute violence interpersonneJJe faite à <strong>un</strong> individu - constitue selon lui <strong>la</strong> forme <strong>la</strong> plus grave <strong>de</strong><br />

non-<strong>reconnaissance</strong> affective, parce qu'elle remet en question l'amour <strong>de</strong> l'autre. Comme c'est<br />

cet amour qui lui pennet <strong>de</strong> développer son autonomie en toute confiance, on comprend que son<br />

absence remet en question <strong>la</strong> confiance en soi, ce qui affecte le rapport positif que l'individu<br />

développe par rapport à lui-même.<br />

<strong>La</strong> violence physique représente <strong>un</strong> type <strong>de</strong> mépris qui blesse durablement <strong>la</strong> confiance que<br />

le sujet a acquise, grâce à l'expérience <strong>de</strong> l'amour, en sa capacité <strong>de</strong> coordonner son corps <strong>de</strong><br />

façon autonome. Aussi entraîne-t-eJJe <strong>un</strong>e sorte <strong>de</strong> honte sociale, <strong>un</strong>e pel1e <strong>de</strong> confiance en<br />

soi et dans le mon<strong>de</strong>, qui affecte, jusque dans sa dimension corporelle, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion pratique <strong>de</strong><br />

l'individu avec les autres.<br />

106

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!