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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième pélrtie : présentation <strong>de</strong>s résultals - Chapitre 5<br />

échapper à ce risque <strong>de</strong> négation totale <strong>de</strong> leur existence (<strong>la</strong> mort sociale et physique) qu'ils ont<br />

entamé leur processus <strong>de</strong> <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, tout en trouvant <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> s'affirmer à travers<br />

l'appropriation d'<strong>un</strong>e p<strong>la</strong>ce sociale différente que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue.<br />

En effet, <strong>la</strong> possibilité d'entamer <strong>un</strong> tel processus nécessite <strong>un</strong> minimum <strong>de</strong> rapport positif à soi,<br />

permettant d'entrevoir <strong>pour</strong> soi-même <strong>la</strong> possibilité d'<strong>un</strong> <strong>de</strong>stin autre que <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> soi. Si<br />

le rapport <strong>de</strong> rejet <strong>de</strong> soi-même s'est construit dans le rapport à J'autre, à commencer par les<br />

parents, comme nous J'avons vu, cette estime <strong>de</strong> soi se construi t elle aussi dans le rapport à<br />

J'autre. C'est à travers leur appropriation <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong> <strong>reconnaissance</strong> positive qui se<br />

sont présentées que les répondants ont pu rétablir <strong>un</strong> rapport plus positif à eux-mêmes. Marc<br />

exprime J'importance <strong>de</strong> manifestations <strong>de</strong> <strong>reconnaissance</strong> telles que J'attention et l'amour <strong>pour</strong><br />

qu'il puisse s'accor<strong>de</strong>r suffisamment <strong>de</strong> valeur <strong>pour</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> cette dynamique auto­<br />

<strong>de</strong>stnlClive qu'était <strong>de</strong>venue sa vie <strong>de</strong> rue.<br />

Les gens te disent qu'ils t'aiment, oui, ça aussi ça peut avoir <strong>un</strong>e influence. Mais moi je dis<br />

que si c'est comme ça, toi tu t'aimes pas, mais les autres ils t'aiment, ça peut t'ai<strong>de</strong>r plus que<br />

te nuire. Parce que tu as <strong>de</strong> l'attention. D'avoir <strong>de</strong> l'attention, c'est quelque chose<br />

d'important. Quand quelqu'<strong>un</strong> te dit: « Tu vaux mieux que ça », c'est valorisant. T'as<br />

toujours le choix <strong>de</strong> pouvoir t'en sortir, c'esljuste que tu le dises loi-même (Marc, sorti <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rue <strong>de</strong>puis 2 ans).<br />

David explique qu'à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> son séjour dans <strong>la</strong> rue, il était à tel point désespéré, que sans <strong>un</strong>e<br />

manifestation <strong>de</strong> <strong>reconnaissance</strong> <strong>de</strong> sa valeur, <strong>un</strong>e «main tendue» à <strong>la</strong>quelle «s'accrocher », il<br />

n'aurait pas trouvé les ressources <strong>pour</strong> sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue et <strong>de</strong> <strong>la</strong> toxicomanie.<br />

1 : donc tu penses que c'est ça qui fait qu'on peut s'en sortir: c'est d'avoir du mon<strong>de</strong> sur qui<br />

on peut s'appuyer?<br />

R : oui. Parce que si t'as pas personne, je crois pas. Quand t'es rendu aussi bas là, parce que<br />

t'as décroché, parce que t'en pouvais plus ... Je pense que s'il y a pas quelqu'<strong>un</strong> <strong>pour</strong> te<br />

tendre <strong>la</strong> main <strong>pour</strong> te sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> dope, c'est comme quelqu'<strong>un</strong> qui se noie: s'il y a pas <strong>un</strong>e<br />

bouée qui tombe <strong>pour</strong> que tu puisses t'accrocher après, t'es dans l'eau, t'as plus Ja force <strong>de</strong><br />

nager. C'est <strong>de</strong> même que je vois ça (David, sorti <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>puis 4 ans).<br />

Soulignons toutefois que <strong>la</strong> <strong>reconnaissance</strong> n'est pas <strong>un</strong>i<strong>la</strong>térale et qu'il n'est pas question ici<br />

d'<strong>un</strong>e main salvatrice qui sortirait <strong>un</strong>e victime impuissante <strong>de</strong> son malheur. Il s'agit bien là d'<strong>un</strong>e<br />

interaction entre <strong>un</strong>e manifestation <strong>de</strong> <strong>reconnaissance</strong> et <strong>la</strong> façon dont l'individu se l'approprie. À<br />

travers sa métaphore <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouée <strong>de</strong> sauvetage, David exprime bien cette idée en disant qu'il faut<br />

d'<strong>un</strong>e part que <strong>la</strong> bouée «tombe », mais d'autre part, que <strong>la</strong> personne en train <strong>de</strong> se noyer s'y<br />

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