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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 7<br />

plus occuper, mais par <strong>la</strong>quelle il se sent encore parfois attiré. C'est <strong>de</strong> cette manière qu'il<br />

explique son agressivité envers les autres, comme si <strong>de</strong> cette façon, il rejetait son ancienne<br />

position, qu'il veut quitter. Mais il est intéressant <strong>de</strong> voir qu'il affirme à <strong>la</strong> fois se reconnaître<br />

dans les autres et s'en distinguer, comme s'il était à <strong>la</strong> fois encore <strong>un</strong> peu dépressif et toxicomane<br />

et qu'il ne J'était plus.<br />

R: moi je suis <strong>un</strong> gars intolérant. Je tolère pas les gens. Même dans le métro, le mon<strong>de</strong><br />

m'écœure<br />

l : <strong>pour</strong>quoi?<br />

R : je sais pas, ils ont tous l'air bête. Ils sont dépressifs, ils s'en vont au travail<br />

1: en quoi ça te dérange qu'ils sont dépressifs ou qu'ils ont l'air bête?<br />

R : en quoi ça me dérange? Je sais pas ... Parce que je me vois dans eux. Moi je suis le miroir<br />

avec les autres. Pis quand j'ai <strong>un</strong> miroir <strong>de</strong>vant moi, ça me confronte. Probablement qu'on a<br />

chac<strong>un</strong> nos miroirs dans <strong>la</strong> vie. Tsé, quand je vois lui qui fume son joint sur le coin du mur,<br />

c'est mon miroir. Je me vois où ce que je suis rendu par exemple, pis lui, Oll ce qu'il est<br />

rendu, c'est pas à <strong>la</strong> même p<strong>la</strong>ce (Rachid, 2S ans, sorti <strong>de</strong>puis 3 ans).<br />

À ce sujet, rappelons que plusieurs répondants <strong>de</strong> cette catégorie ont eu, pendant leur vie <strong>de</strong> rlle,<br />

<strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> toxicomanie re<strong>la</strong>tivement extrêmes. Chris, Valentine et Élise expliquent que<br />

l'expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> toxicomanie fragilise leur <strong>sortie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue. Pour Chris, c'est le souvenir encore<br />

marquant <strong>de</strong>s sensations liées à <strong>la</strong> drogue qui <strong>pour</strong>raient encore l'attirer vers <strong>la</strong> rue. Élise pense<br />

que sa toxicomanie révèle le caractère extrême <strong>de</strong> sa personnalité, qui a tendance à fuir les<br />

problèmes plutôt que d'en souffrir. Valentine va dans le même sens en disant que <strong>la</strong><br />

consommation <strong>de</strong> drogues lui donnait l'jllusion d'<strong>un</strong>e cohérence dans sa vie. Selon Élise, il est<br />

plus facile <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer dans ce confort que <strong>de</strong> chercher à donner <strong>un</strong> véritable sens à sa vie. Mais<br />

tous s'enten<strong>de</strong>nt <strong>pour</strong> dire que l'arrêt <strong>de</strong> leur conson<strong>un</strong>ation leur a permis d'attribuer <strong>un</strong> sens plus<br />

réel et cohérent à leur vie et à leurs actes.<br />

1: mais tu m'as quand même dit qu'<strong>un</strong>e <strong>de</strong>s difficultés <strong>pour</strong> sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, c'est <strong>la</strong><br />

consommation [<strong>de</strong> drogues]. Pourquoi tu m'as dit ça?<br />

R : parce que quand tu consommes, surtout avec <strong>la</strong> mes, ça affecte ta perception <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité,<br />

tu perçois pas c'est quoi réellement ta situation, qu'est-ce qui se passe. C'est plus facile <strong>de</strong><br />

vivre dans J'illusion quand tu consommes, <strong>de</strong> pas avoir à faire face à toi-même, pis à<br />

comment t'agis, pis où est-ce que tu t'en vas. Quand tu te gèles <strong>la</strong> face, ça ai<strong>de</strong> pas. Quand<br />

t'as pas cette béquille-là <strong>pour</strong> t'appuyer, t'es plus porté à affronter les choses telles qu'elles<br />

sont, pis à voir <strong>la</strong> réalité en face, pis à assumer tes actions, pis ton avenir plus aussi<br />

(Valentine, 22 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 3 ans).<br />

Par ailleurs, Chris et Vincent nous ont expliqué que plutôt que d'éviter d'aller dans les lieux qui<br />

leur rappellent leur ancienne position <strong>de</strong> je<strong>un</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, ils préfèrent se donner les moyens<br />

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