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La reconnaissance : un enjeu pour la sortie de la ... - Archipel - UQAM

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Troisième partie: présentation <strong>de</strong>s résultats - Chapitre 6<br />

<strong>un</strong>e manifestation <strong>de</strong> reconnaIssance affective à leur égard, sans toutefois se sentir reconnues<br />

dans leur besoin d'indépendance. On peut d'ailleurs penser que leurs pairs manifestaient là leur<br />

peur d'être eux-mêmes abandonnés. Cette pression du groupe a été vécue <strong>de</strong> façon plus ou moins<br />

éprouvante selon les répondantes, mais toutes nous ont di t en avoir été affectées durant leur<br />

processus <strong>de</strong> repositionnement, au point même <strong>de</strong> le remettre régulièrement en question. En effet,<br />

en les reniant dans leurs efforts <strong>de</strong> repositionnement, leurs amis les reconnaissaient négativement<br />

dans leur nouvelle position i<strong>de</strong>ntitaire, valorisant plutôt l'ancienne (celle <strong>de</strong> je<strong>un</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue). On<br />

comprend que <strong>la</strong> tentation était forte <strong>de</strong> retourner dans l'ancienne position i<strong>de</strong>ntitaire, afin d'être<br />

reconnues positivement.<br />

Pis mes <strong>de</strong>ux premières années avec [mon conjoint], il me ramassait à <strong>la</strong> petite cuiller. Parce<br />

que chaque fois que j'étais confrontée à <strong>un</strong> jugement par <strong>un</strong>e <strong>de</strong> ces personnes qui faisaient<br />

pm1ie <strong>de</strong> mon groupe, je remettais tout mon processus en question (Marie-Jo, 28 ans, <strong>sortie</strong><br />

<strong>de</strong>puis 12 ans).<br />

1: et toi, qu'est-ce que ça t'a fait d'avoir ces commentaires-là?<br />

R : je me sentais coupable, parce que comme je t'ai dit, je suis fidèle, pis je m'étais sentie<br />

coupable <strong>de</strong> les avoir <strong>la</strong>issés tomber <strong>un</strong> peu. Mais c'est parce que j'ai pas fait exprès, ça s'est<br />

fait <strong>un</strong> peu tout seul. Pis <strong>un</strong> coup que tu pognes l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pas les voir, qu'est-ce que tu<br />

penses que ça fait? Tu y vas plus, on dirait que t'as plus <strong>de</strong> motivation. Puis le mon<strong>de</strong>, ce<br />

qu'on m'a dit aussi, c'est: «Là, [Céline], t'es plus sociable, t'es quasiment bête maintenant,<br />

qu'est-ce qui se passe? » (Céline, 26 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 4 ans).<br />

Camille évoque aussi le caractère potentiellement malsain <strong>de</strong> ces re<strong>la</strong>tions entre je<strong>un</strong>es ayant <strong>de</strong>s<br />

histoires marquées par différents types <strong>de</strong> violence, où le partage <strong>de</strong> leurs souffrances respectives<br />

ne fait qu'ampJifierces <strong>de</strong>rnières dans <strong>un</strong>e dynamique <strong>de</strong> renforcement mutuel <strong>de</strong> leur détresse.<br />

Comme, on dirai!. .. souvent ceux qui sont rattachés avec <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> drogue, <strong>de</strong>s<br />

affaires comme ça, souvent, c'est parce qu'ils ont comme <strong>un</strong>e détresse, pis cette détresse-là,<br />

ça peut être influencé par d'autres selon <strong>la</strong> force que cette personne-là a, pis selon qu'est-ce<br />

qu'il dit aussi. Parce qu'il y a beaucoup <strong>de</strong> gens qui sont comme naïfs, pis ils vont croire <strong>de</strong>s<br />

trucs. C'est du mon<strong>de</strong> qu'il faut quand même les ai<strong>de</strong>r, parce qu'ils ont mal à quelque part,<br />

ils sont pas bien avec eux-autres. Pis souvent, ça se propage (Camille, 23 ans, <strong>sortie</strong> <strong>de</strong>puis 3<br />

ans).<br />

Toujours au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> détresse qui habite les je<strong>un</strong>es <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Marie-Jo, Céline et Élise racontent<br />

qu'elles ont atteint leur limite face à <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong>s autres. En effet, ces<br />

répondantes avaient tendance à manifester <strong>de</strong>s comportements maternels face à leurs pairs,<br />

combinant dans ces dynamiques re<strong>la</strong>tionnelles <strong>un</strong>e affirmation <strong>de</strong> leur maturité et <strong>de</strong> leur capacité<br />

à prendre en charge, aussi bien leur propre survie, que celle <strong>de</strong> leurs pairs, mais aussi <strong>un</strong> oubli <strong>de</strong><br />

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