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prière. » De pareilles ïcverîes ne mérîtaîent sans cloute pat
que l'on fit périr par les flammes le père Malagrida ; mais
îl fut accusé de quelque chose de plus sérieux. Lorsque
le duc d'Aveiro forma sa conspiration contre le roi de
Portugal , il consulta , dit-on , trois jésuites ; savoir , le
père Malagrida , le père Alexandre et le père Mathos. Ce»
casuistes , ajouie-t-on , décidèrent « que ce n'était pas seule-
ment un péché véniel de tuer un roi qui persécutait le»
Saints. » La conspiration ayant été découverte , le roi chassa
les jésuites, et ne retint que les trois en question; mais
51 ne put obtenir de Rome la permission de faire juger le
père Malagrida : il le livra donc à l'inquisition, qui le condamna
au feu , non pas comme complice de régicide , mais
comme faux prophète , parce que ce fou prétendit avoir
fîu , dans sa prison , une révélation de la mort du roi (i).
Il affirma, de plus , au tribunal de l'inquisition, qu'il avait
eu une vision intellectuelle des peines auxquelles sa ma-
jesté était condamnée pour avoir persécuté les religieux de
son ordre. Ces absurdités firent hâter son supplice 5 et il
fut brûlé le 21 septembre 1761, à soixante-quinze ans.
( I ) Le roi n'était point mort, mais bien le marquis de Tancours;
et Malagrida , enfermé dans sa prison , ayant entendu les décharges
d'artillerie qui avaient lieu à l'occasion de la mort de ce marquis , général
en chef de la province d'Estramadure , crut que ces décharges annon-
-^aient la mort du roi , et il débita le lendemain ses rêveries cantre le
toi : il n'en fallut pas davantage pour presser son supplice. Je n'affirme
lien sur la vérité de tous ces faits ; les ennemis des jésuites las ont
sin^lièrement grossis et envenimés ; leurs partisan* les ont beaucoup
atténués : c'est au lecteur sage à se placer entre les deux excès ; cela
lui est d'autant plus facile , que nous sommes éloignés de la fermen-
tation qu'a occasionnée dans Les esprits , à cette époque , U prochaine
destruction des jésuites.