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Machiavel , en disant qu'il est douleax s'il a voulu donner
des règles pour gouverner ou seulcnzcnt d(^peindrc des abus ;
et que , sans doute, il n*a eu d'autre but que de dt^voiler
la conduite artificieuse des mauvais princes et des tyrans.
D'autres disent encore quo ses maximes exécrables tien-
nent plus à la situation particulière de l'Italie, telle qu'ell»
était de son temps, qu'à la trempe de son esprit et de son
caractère. Mais peut-on douter de la perversité de ses inten-
tions , quand on le voit proposer pour modèle à tous les
souverains un César Borgia , bâtard d'Alexandre VF , mons-
tre qui se souilla de tous les crimes pour se rendre maître
de quelques petits états. Voilà le prince que Machiavel pré-
férait à tous les gouvernans de son temps. Les principales
ii*a\imesde ce publiciste sent, qu'un prince, pour se main-
tenir sur le trône , ne doit être vertueux qu'autant que soq
intérêt l'exige , et qu'il doit Fouler aux pieds la vertu dans
les circonstances critiques , tout en ayant l'air d'en conserver
le masque ; qu'il doit être économe de son bien, et n'être
libéral que du bien public ; qu'il ne doit être esclave de sa
parole , que lorsque cela lui est avantageux ; qu'il doit
paraître clément , intègre » reHgieux j mais au fond n'être
rien de tout cela ; qu'il ne doit se faire aucun scrupule de
commettre des crimes qui assurent sa puissance et le repos
de l'état ; qu'il ne doit point hésiter d'agir contre la cha-
rité , l'humanité et même contre la religion , quand cela
lui paraît nécessaire ^ enfin , que tous les moyens , quel-
qu'cxtrêmes qu'ils soient sont ^ bons pour étendre , conser-
ver et faire respecter le pouvoir. On sait que le roi de
Prusse, Frédéric If, a réfuté , dans son Anti-Machiapcl ^
1740 , m-8, ces maximes abominables. Il dit : « Le Prince
de Mftehiavel, est, en fait de morale, ce qu'est l'ouvrage
do Spinosa en matière de foi. Spinosa sapait les fondemens
lie la foi , et ne tendait pas moins qu'à renverser l'édifie©