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au soir. Bel emploi ! Hs copient des avenirs ^ des exploits'^
des significations , des requêtes : ils grossoîenù. Qu'esl-ce
que grossoyer? C'est l'art d'alonger les mots et les lignes,
pour employer le plus de papier possible , et le vendre
ainsi tout barbouillé aux malheureux plaideurs ; de sorte
qu'on puisse en former des dossiers épais, Kt qu'est-ce quuti
dossier? C'est la masse bizarre de ces épouvantables pro-
cédures. Et un dossier épais ^ que coûte-t-il bien? Sept à
huit mille francs pour commencer à éclaircir un peu les
cboses.
» Mais toutes ces paperasses servent-elles du moins au
Juge? Jamais. Quand il y a un rapporteur, son secrétaire
fait, sur une feuille volante , un extrait de ces énormes
grosses 9 et toutes les raisons du procureur restent au fond
du sac ; ainsi ce déluge d'écritures ne servira pas même
lîans la cause dont il s'agit ; le juge ne verra que l'extraie
du secrétaire fidèle ou infidèle. Et voilà ce qu'on appelle
Vinstruction chez un peuple civilisé , ou soi-disant tel.
j» Le procureur , dans son greffe , est environné de ces
dossiers érigés en trophées et qui montent jusqu'au plan-
cher, à peu près comme le sauvage de l'Amérique s'en-
vironne dans sa hutte et suspend autour de lui les cheve-
lures de ceux qu'il a scalpés,
ij II y a environ huit cents procureurs , tant au châtelet
qu'au parlement , sans compter cinq cents huissiers exploî-
tans ; et tout cela vit de l'encre répandue à grands flots
sur le papier timbré.
» Dites à un patricien qu'il y a plusieurs pays en Europe
où la justice se rend sans le fatal ministère d'un procureur ;
OL) les frais de justice sont nuls , pour ainsi dire ; où des
pacificateurs , dans le vestibule du temple de la justice ,
vous arrêtent avec un intérêt tendre , prennent à cœur
^'Arranger les parties et y parviennent ordinairement. L»