La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

104 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
Encore une fois, Theodore Vail aura su convaincre ses
interlocuteurs. Au nom de cette philosophie qui se veut
résolument « sociale» et généreuse, ATT se verra
reconnaître par ses organismes de tutelle (d'abord l'Interstate
Commerce Commission, puis la Federal Communications
Commission à partir de 1934), le droit d'une part
de ne pas avoir de concurrents pour les liaisons téléphoniques
longue distance, d'autre part d'imposer à ses
abonnés l'usage exclusif de matériels fabriqués par ses
propres usines.
Ce qui est interdit aux autres au nom de la législation
antitrust, Bell se le voit accorder le plus légalement du
monde au nom du « service public ". Le tour est joué: les
arguments qui aujourd'hui encore sont utilisés par ceux
qui veulent préserver les monopoles publics contre la
menace de « dérégulation ", au nom de la lutte contre les
monopoles privés ou d'impératifs de «politique industrielle",
sont exactement ceux qui, il y a deux tiers de
siècle, ont été utilisés avant tout le monde par le patron
du plus grand monopole privé de tous les temps pour
reconstituer et souder définitivement une situation qui
était précisément en train de lui échapper sous les effets
naturels de la concurrence industrielle.
L'exemple de la nationalisation des ondes hertziennes
L'aventure de la radio commence avec l'avènement du
xx· siècle. C'est en 1896 que Guglielmo Marconi dépose
ses premiers brevets à Londres. En 1899, pour la première
fois, un navire heurté par un cargo est secouru grâce aux
appels qu'il réussit à lancer par TSF. A partir de 1910,
tous les paquebots quittant les côtes américaines sont obligés
de s'équiper en TSF. Deux ans plus tard, le 14 avril
1912, la tragédie du Titanic accélère le mouvement
d'équipement des bateaux et contribue fortement à faire
découvrir la radio par le grand public.
A cette époque, la télégraphie sans fil est essentiellement
utilisée comme instrument de communication mari-