La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

64 LA «NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
pole naturel voudrait lui faire jouer, la notion d'économies
d'échelle est un concept analytique qui peut nous aider à
comprendre ce qui est, et pourquoi c'est comme cela mais
qui ne peut être utilisé pour nous dire ce qui doit être, et
donc justifier que certaines entreprises bénéficient de privilèges
légaux les protégeant contre la concurrence des
autres.
2. Des mots qui décrivent des choses qui n'existent pas
Admettons que les économies d'échelle puissent faire
l'objet d'estimations quantifiées et « objectives ». Nous
aurions des études qui nous diraient que, dans tel ou tel
domaine, il est « naturel » (c'est-à-dire « optimal ») qu'une
seule firme accapare toute la production d'un marché.
Mais cela ne permettrait pas encore d'établir qu'il s'agit
d'une chose bonne ou mauvaise, souhaitable ou répréhensible.
Lorsque nous utilisons l'expression «monopole naturel
», nous ne nous référons pas seulement à une situation
industrielle définie par la présence d'économies d'échelle
ou de phénomènes de « sous-additivité ». En utilisant ces
deux mots, nous émettons simultanément un jugement de
valeur négatif qui nous est dicté par la « théorie du monopole
», et qui nous dit qu'une telle situation est source
d'un « coût social » dont on peut faire l'économie par une
intervention appropriée de la puissance publique.
Ce résultat n'existe que parce que la théorie traditionnelle
du monopole ne tient aucun compte des structures
de droits de propriété au sein de l'entreprise, et des
implications que cela entraîne au niveau des processus de
révélation des coûts.
Imaginons une firme qui bénéficie d'importantes
économies d'échelle industrielles. Elle maximise son profit
en produisant la quantité Q vendue au prix P. Elle réalise
alors des profits qui devraient inciter d'autres producteurs
à entrer sur le marché. Mais, ici, le mécanisme ne
fonctionne pas en raison de la présence de « coûts décrois-