La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

IL N'y A PAS DE MONOPOLE «NATUREL. 55
L'argument du "monopole naturel»
Qu'il s'agisse de monopoles directement mis en œuvre
par des administrations publiques (France, RFA), ou de
monopoles concédés à des firmes privées, mais sous la
tJltelle d'organismes publics de surveillance (cas des
Etats-Unis, de la Grande-Bretagne depuis la privatisation;
mais aussi, dans une certaine mesure, de l'Italie
0l!, jusqu'à une époque pas très ancienne, avant que
l'Etat n'en prenne le contrôle par l'intermédiaire d'une
filiale de l'IRI, les trois quarts du trafic téléphonique
étaient assurés par des sociétés privées régionales,
l'argument le plus fréquemment utilisé pour expliquer
et justifier cette situation - et donc pour s'opposer à
toute modification du statu quo institutionnel - est
celui du monopole naturel.
Brièvement analysé, cet argument se présente de la
façon suivante. On dit qu'on est en présence d'un « monopole
naturel» lorsque l'existence de rendements décroissants
dans la production et la taille du marché ne permet
que le maintien d'une seule et unique firme. Le monopole
naturel apparaît lorsque, dans une industrie ou une activité,
existent de telles potentialités d'économies d'échelle,
que si on laisse la libre concurrence jouer, quel que soit le
nombre de firmes en présence au départ, une seule entreprise
finira par éliminer toutes les autres, et s'imposera
comme le seul et unique producteur du produit ou du service
concerné.
Par économies d'échelle, on entend le fait que plus la
production d'un bien est importante, plus le coût de production
moyen de ce bien diminue. Lorsqu'un tel cas de
figure se présente, il est inévitable que celui qui a la
production la plus élevée finisse par éliminer les
autres.
Mais lorsqu'il a éliminé ses concurrents, qu'est-ce qui
l'empêche alors de relever ses prix et d'abuser ainsi de sa
situation de producteur unique? S'il remonte ses prix de