La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

LES GRANDES ENTREPRISES... 191
tion en 1936. Le moment est bien choisi (on est en plein
dans le creux de la dépression). Time Magazine le décrit
comme "la bible de la nouvelle administration Roosevelt
". Quelques semaines seulement après sa mise en
librairie, les analyses du livre sont déjà évoquées dans les
attendus d'un jugement de la Cour suprême 10. Avec la
parution presque simultanée des livres de Chamberlin et
de Joan Robinson sur la théorie de la concurrence imparfaite,
l'ouvrage de BerIe et Means marque le moment où,
pour la première fois, s'installe dans les esprits la conviction
que la grande entreprise est une institution incompatible
avec la concurrence. Trente-cinq ans après, le
Sherman Act se voit enfin doté d'un soubassement et
d'une justification théoriques, à prétentions scientifiques.
Commence le règne sans partage de l'équation: " Concentration
= Monopole = Prix élevés."
Rien de ce sur quoi les responsables des politiques de
concurrence fondent leurs discours n'a jamais vraiment
été démontré
Pourquoi le chômage? Pourquoi la crise? C'est simple:
parce que l'on est passé de la concurrence à l'âge des" oligopoles
». Lorsque la demande s'effondre, les entreprises
ne réagissent plus comme avant, en baissant leurs prix,
conformément au schéma «classique », elles gardent les
mêmes prix, et réduisent leur production. L'ajustement ne
se fait plus par les prix, mais par les quantités. C'est
l'engrenage de la dépression. Pourquoi l'inflation? Pour la
même raison que les entreprises sont désormais plus ou
moins " maîtresses» de leurs prix, ce qui les rend moins
sensibles aux demandes déraisonnables de leurs salariés ...
Dès avant la guerre, tous les éléments que Galbraith vulgarisera
à travers ses ouvrages des années 1950 et 1960
sont déjà là. Avec la théorie de la "concurrence administrée
» proppsée par BerIe et Means, les économistes serviteurs
de l'Etat ont trouvé leur sésame et leur vilain. Sur le
plan de la pensée on entre dans une nouvelle ère.