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La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

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432 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE<br />

bilan coûts/avantages économiques qui lui serve de justification.<br />

Mais une telle approche du droit aboutit à une bien<br />

curieuse conception de la «justice» : désormais des entreprises<br />

pourront être sanctionnées pour le choix de certaines pratiques<br />

commerciales, non pas parce que ces pratiques sont Jugées en<br />

soi déloyales, ni parce qu'elles auront adopte un comportement<br />

exprimant une intention déloyale à l'égard de leurs concurrents,<br />

mais tout simplement parce qu'il s'agit de firmes plus<br />

grosses que les autres, d'entreprises leaders dont les produits<br />

ont le malheur d'être de gros succès, ou encore d'entreprises<br />

exerçant leurs activités sur des marchés dont des «experts»<br />

appointés par l'État estiment les structures concurrentielles<br />

insuffisantes pour garantir, à leurs yeux, que les pratiques<br />

incriminées n'auront pas d'effets sensibles sur la concurrence ...<br />

Autrement dit, on a une situation où désormais le caractère<br />

lé$al d'une pratique ou d'un choix commercial - c'est-à-dire en<br />

faIt la reconnaissance de son caractère «juste» ou " injuste» -<br />

dépend non pas de l'intention personnelle qui s'y exprime, mais<br />

de facteurs exogènes totalement indépendants de tout<br />

« contrôle JO humain; une situation où le caractère «juste» ou<br />

" injuste» d'un comportement contractuel dépend non pas de la<br />

volonté individuelle qui s'y affirme, mais de faits «objectifs»<br />

tels que la taille de l'entreprise, la nature de ses productions, la<br />

structure de son marché, les stratégies de ses concurrents ...<br />

Qu'est-ce qu'une telle philosophie sinon l'expression d'une<br />

conception essentiellement" positIviste» et « dirigiste" du droit<br />

où les hommes n'ont d'autres droits que ceux que le législateur<br />

leur reconnaît spécifiCJ.uement? Pour admettre que des comportements<br />

identiques pUIssent être considérés différemment selon<br />

qu'ils sont le fait d'une entreprise petite ou grande, « faible" ou<br />

« puissante », "dominée JO ou «dominante »... il faut en effet<br />

necessairement se situer soi-même dans un univers juridique où<br />

l'on n'admet pas que des hommes puissent détenir d'autres<br />

droits de propriété que ceux dont la puissance publique leur<br />

délègue expressément l'usage. On est aux antipodes du libéralisme<br />

et de sa conception « subjective» des libertés; aux antipodes<br />

également des origines philosoehiques de ce qui reste<br />

encore en princip'e notre droit tant civd CJ.ue pénal (importance<br />

de la responsabIlité). Que le système SOIt quelque peu «plus<br />

libéral,. ne change rien à l'essentiel: comme dans le droit du<br />

travail, on reste fondamentalement en présence d'un système de<br />

pensée «dirigiste» où les droits de propriété (et donc les libertés)<br />

cessent d'être l'extension naturelle de la qignité de la personne<br />

humaine pour n'être qu'un privilège d'Etat dont l'usage<br />

est seulement concédé à des personnes privées. Dès lors qu'une

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