La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

66 LA • NOUVELLE ÉCONOMIE. INDUSTRIELLE
serait que leur gestion se cale sur un principe de tarification
au « prix de revient» marginal.
Ce raisonnement présente un trait caractéristique: il
repose sur l'hypothèse que le passage d'une situation institutionnelle
à l'autre ne change rien aux coûts de la firme.
Mais peut-on isoler ainsi les deux éléments? Peut-on
impunément raisonner comme s'il n'existait aucun rapport
entre les prix de revient de l'entreprise et la structure
interne de ses droits de propriété? En acceptant cette fiction
la théorie traditionnelle du monopole commet une
erreur dont la conséquence est de faire apparaître un
« coût social» là où il n'en existe en réalité aucun.
On oublie les droits de propriété
Les courbes des manuels sont censées décrire la
connaissance que les entrepreneurs ont des moyens
d'atteindre leurs coûts de production minima. Mais comment
les connaissent-ils? Ils ne leur sont pas donnés a
priori comme un stock de savoir exogène qui leur serait
communiqué par une sorte d'intelligence extérieure. C'est
quelque chose qu'ils doivent découvrir eux-mêmes, en
mettant à contribution non seulement leur personnel, mais
tout ce qui peut les informer sur ce qui se passe chez les
autres. De ce fait, il n'y a pas de « coûtS» qui ne soient le
reflet d'une activité cognitive nécessairement marquée et
bornée par le système de motivations et de sanctions individuelles
dans lequel s'active l'esprit humain.
Comparons un service bureaucratique à caractère
monopolistique (comme la Poste) à une firme privée du
secteur concurrentiel. Chaque administration ou service
public a une fonction de production implicite qui détermine
le coût de production unitaire. Mais comment ce
coût est-il déterminé? Par un processus itératif analogue à
celui que vit toute entreprise. La direction envoie des instructions
à ses services pour qu'ils lui indiquent leurs
besoins budgétaires. Ces directives sont à leur tour