La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

424 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
des clauses de non-concurrence figurant dans les contrats de
franchise), il y a également une concurrence non moins réelle
entre d'une part, les gens qui cherchent à entrer dans les réseaux
de distribution franchisée, d'autre part, entre les producteurs
pour attirer à eux les candidats les plus valables. L'analyse
économique suggère que, sur un tel marché qui est loin d'être
exigu (en raison du développement raJ>ide du marché de la franchise,
mais aussi parce qu'il s'agit d emplois accessibles à une
large population), cette double concurrence doit suffire pour
ramener progressivement le revenu des propriétaires de magasins
franchisés vers un taux de rémunération normal; et cela,
même avec la présence des clauses de non-concurrence « bouclant
» complètement leur système de protection territoriale. On
retrouve une clause de contrat qui apparaît à première vue
contraire à la concurrence, mais dont le véritable rôle est d'aider
la concurrence à faire découvrir aux agents économiques ce
qu'ils ne connaissent pas, et qu'ils n'ont aucun moyen de
connaître a priori: le prix de leur fonction.
Regardons maintenant ce qui se passe si l'on suit les consignes
d'interdiction.
Chaque franchisé se voit attribuer par le fabricant une zone
de vente privilégiée où celui-ci s'interdit d'ouvrir lui-même un
magasin concurrent, ainsi que de céder une franchise identique
à un autre commerçant. Cependant, l'interdiction des clauses de
non-concurrence fait qu'on ne peut empêcher le franchisé d'une
zone voisine d'ouvrir un second, voire un troisième magasin, sur
son territoire. Cela, nous dit-on, doit permettre de laisser subsister
une certaine concurrence par les prix entre les magasins
d'une même chaîne (le système des prix Imposés étant lui-même
interdit). La distribution sélective, est-il ajouté, ne doit pas être
une excuse pour éliminer toute variabilité des prix.
Imaginons alors que l'un des membres d'une chaîne de distribution
profite de ces possibilités, et s'engage dans une campagne
ambitieuse de cassage des prix, qu'il exporte sur le territOIre de
certains de ses confrères. La généralisation d'une telle situation
entraîne une baisse des revenus encaissés par les distributeurs
du réseau. Le franchiseur a perdu la maîtrise des rémunérations
de ses agents.
Qu'à cela ne tienne, nous répliquera-t-on. Les commerçants
gagnent peut-être moins, mais au profit du porte-monnaie des
consommateurs. Or c'est cela seul qui compte.
C'est vrai. Mais, ici, la situation n'est pas comparable à ce qui
se passe sur un marché normal où des commerçants strictement
indépendants s'affrontent. Il faut tenir compte des conséquences
qu'un tel affrontement par les prix peut avoir sur le comporte-