La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

192 LA. NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
En fait, le livre de Berle et Means contient d'énormes
faiblesses. Par exemple, son argumentation repose sur un
postulat (que la concentration conduit à des comportements
et des résultats identiques à ceux décrits par la
théorie classique du monopole) qui, même encore
aujourd'hui, n'a jamais pu être rigoureusement démontré.
Des centaines et des centaines de pages ont été écrites sur
la théorie du monopole, du duopole et de l'oligopole. Tous
les grands auteurs y ont apporté leur contribution. Mais,
ainsi que le fait observer le professeur John McGee,
toutes ces études (même celle qui est le plus fréquemment
invoquée par les partisans du contrôle des concentrations,
celle du professeur Chamberlin) débouchent sur la même
indétermination: on ne sait pas Il! On ne sait pas si le fait
qu'il y ait seulement un tout petit nombre d'entreprises en
concurrence pour un produit conduit nécessairement ou
non à des prix plus élevés que lorsque ce nombre est plus
important. Tout dépend des circonstances. Selon les hypothèses
que l'on met dans le modèle, on démontre que l'oligopole
devrait mener à des prix plus élevés, égaux, ou
même inférieurs à ceux qu'on obtiendrait avec un très
grand nombre d'entreprises. Autrement dit, cette hypothèse
centrale sur laquelle reposent toutes les politiques
modernes de la concurrence (la théorie de la concentration
oligopolistique) n'est qu'une simple conjecture dont,
même si elle est vrai, on n'a jamais été en mesure d'expliquer
rigoureusement pourquoi elle devrait être vraie.
Mais qu'à cela ne tienne ... Quand un économiste
n'arrive pas à démontrer pourquoi ce qu'il croit vrai doit
l'être, il lui reste une solution: démontrer que ce qu'il
croit est vrai, sans pour autant expliquer pourquoi. Comment?
Par la recherche empirique: en testant systématiquement
toutes les hypothèses que l'on peut formuler à
partir de l'axiome d'origine. Si ces tests sont positifs, et
s'il est ainsi démontré que les relations impliquées par
l'axiome de départ sont vraies, c'est la preuve que
l'axiome lui.même est vrai. C'est le B.A.ba de l'épistémologie
« positiviste» définie par Milton Friedman, et prati-