La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

LE MYTHE DE LA «CONCENTRATION» 155
tée, mais à la valeur des livraisons domestiques. Seule
cette catégorie statistique peut nous donner des informations
valables sur l'évolution du degré de concentration
des structures industrielles américaines. On obtient alors
les résultats suivants. On observe que la part des cinquante
premières entreprises dans le total des livraisons
domestiques de produits manufacturés est de l'ordre de
28 % en 1937, diminue dans les années 1940, puis
remonte pour se stabiliser autour de 25 %. La part des
cent premières est la même en 1937 et 1963 (34 %), et n'a
augmenté que d'un point depuis lors (35 % en 1977). La
part des deux cents premières est de 41 % en 1937; elle
augmente d'un point entre 1937 et 1963, d'un autre point
de 1963 à 1967, puis encore de deux points supplémentaires
entre 1967 et 1977, pour se situer alors aux
alentours de 45 %.
Ces pourcentages confirment la présence d'un phénomène
de réduction des inégalités de taille au sein de la
population des plus grandes entreprises. Cela dit, même si
la part relative des deux cents premières augmente un peu
(compensée par la baisse de la part des cinquante premières,
et la stabilité de celle des cent premières),
l'ensemble donne plutôt l'image d'une très grande stabilité
des rappqrts de concentration. On est très loin de
l'imagerie d'Epinal qui voudrait que les plus grosses
entreprises ne cessent jamais de devenir toujours plus
grosses que celles qui se trouvent derrière. C'est l'inverse
qui se produit.
« La seule chose vraiment inquiétante dans ce tableau, commente
Yale Brozen, est que la part des cinquante premières ait
ainsi cessé d'augmenter alors que ce sont les entreprises où les
niveaux de productivité sont les plus élevés ... »
Cette stabilité est d'autant plus remarquable et significative
qu'elle concerne une période de temps suffisamment
longue au cours de laquelle les pouvoirs publics ont
changé à plusieurs reprises d'attitude à l'égard des trusts
et des concentrations. Ce qui permet d'en conclure que la