La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

86 LA «NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
Prenons une situation où le libre jeu de la concurrence
a conduit à l'élimination de tous les concurrents, sauf un.
Imaginons qu'il s'agisse d'une industrie qui implique,
pour démarrer la production, un pourcentage élevé de
dépenses quasiment irrécupérables. Celui qui a survécu
au processus concurrentiel initial peut vivre sur ses deux
oreilles. Vu les risques encourus, il y a peu de chances
pour que d'autres producteurs tentent l'aventure de lui
ravir son « monopole », et cela quoi qu'il fasse. Dans ce
cas, les économies d'échelle dont il bénéficie constituent
bel et bien une barrière à l'entrée et l'on a une situation
de « monopole naturel» qui justifie une intervention des
pouvoirs publics pour l'empêcher de pratiquer des prix
abusifs.
Imaginons maintenant une activité qui n'exige au
contraire que des investissements légers à caractère peu
spécifique. Même si sa situation s'explique par la présence
d'économies d'échelle réelles, le « monopole» devra
en permanence se défendre contre le risque potentiel de
voir de nouvelles entreprises entrer sur son marché et
essayer de vendre moins cher que lui. Lorsqu'on se retrouve
dans un tel cas de figure, nous dit Baumol, on
démontre que le " monopole» ne peut pas faire autrement
que de pratiquer une politique de prix conforme aux exigences
d'un" optimum de second rang» (avec alignement
du prix de vente sur le coût moyen et absence de « surprofits
»). On a un marché «contestable» où le caractère
potentiel de la concurrence suffit à discipliner le comportement
du " monopole naturel », et où il est donc inutile
de faire appel à l'Etat et à la réglementation pour obtenir
l'équivalent d'un "prix de concurrence ».
La stratégie du «pré-contrat conditionnel»
La notion de «marchés contestables» représente un
progrès indéniable sur les approches traditionnelles de la
concurrence et de l'économie publique. Cependant cette
analyse retient encore la plupart des défauts du para-