La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

220 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
Deux hypothèses sont alors possibles. La première est
de répondre que les opérateurs boursiers ne font qu'anticiper
sur les « gains de monopole» que l'accroissement de
leur « pouvoir de marché» permettra aux entreprises de
réaliser. La seconde est d'insister au contraire sur les
gains de synergie et les économies d'échelle ou d'organisation
qui font que si deux entreprises fusionnent, c'est
parce qu'elles espèrent en retirer un surcroît d'efficacité,
et donc des coûts et des prix plus avantageux. Dans le premier
cas, les fusions correspondent à une stratégie de
croissance « anticoncurrentielle ». Dans le second, il s'agit
à l'inverse d'une stratégie qui fonde la croissance de la
firme sur le renforcement de ses avantages concurrentiels.
Laquelle de ces deux hypothèses est globalement la plus
vraisemblable, celle qui incarne la stratégie suivie par le
plus grand nombre de firmes?
Il y a un moyen pour le savoir: reprendre le fameux
test de l' « effet parapluie », déjà utilisé par Harold Demsetz.
Admettons que les gains de rentabilité obtenus à la
suite d'opérations de concentration se révèlent en général
être davantage dus à ce que cela permet de mieux
contrôler son marché et donc d'y imposer des prix plus
élevés, plutôt qu'à l'acquisition de nouvelles possibilités
de réduire encore plus les coûts. Logiquement, que
doit-il se passer en Bourse lorsque deux grandes entreprises
fusionnent, ou lorsqu'une très grande entreprise en
absorbe une autre plus petite? Réponse d'Eckbo: dès
que l'information filtre aux opérateurs, les cours des
firmes concernées se mettent à grimper. Mais, ajoute-t-i1,
ils ne seront pas seuls. Logiquement on doit s'attendre à
ce que les titres de toutes les autres firmes plus petites
du secteur les accompagnent dans leur mouvement.
Pourquoi? Parce que si la concentration projetée a effectivement
pour effet de réduire l'intensité de la concurrence,
toutes les firmes du même secteur en profiteront -
les petites en profitant d'ailleurs proportionnellement
plus que les grosses. A l'inverse, lorsque de telles concentrations
sont interdites, le déclenchement des poursuites