La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

ANNEXES 413
réglementations professionnelles ou industrielles que leurs
administrations édictent, ainsi que de leurs efforts pour mettre
en place des «politiques industrielles ». Ces multiples interventions
faussent en effet le jeu concurrentiel au profit des
entreprises déjà sur place qui bénéficient des complicités politiques
et administratives les mieux établies, au détriment de
tous les concurrents potentiels malheureusement inconnus et
inconnaissables dont les coûts d'entrée sur le marché sont renchéris
par les effets de cette concurrence «déloyale ». C'est
seulement par la mise en place de contraintes institutionnelles
rendant inutiles de telles collusions entre le public et le privé,
que l'on pourra jamais nourrir l'espoir de capter tous les gains
qu'une économie de marché concurrentielle devrait dégager.
Les politiques antitrust, qu'elles soient d'origine nationale ou
communautaire, se trompent ainsi de cible. Le problème n'est
pas seulement de faire disparaître les réglementations et interventions
publiques qui creent des obstacles à la libre circulation
des marchandises et des services dans la Communauté.
Plus fondamentalement, il est d'aider l'opinion européenne à
prendre conscience de ce qu'il n'y a jamais de réglementation
« innocente ».
Le raisonnement est simple. Pour le chef d'entreprise, la
concurrence n'est jamais une chose agréable. Mieux vaut en
avoir moins plutôt que plus. C'est humain. Comment peut-il
atteindre cet objectif?
La première solution qui vient à l'esprit est de s'entendre
avec les autres. C'est la méthode classique de la collusion, avec
ententes et cartels. Mais comme les partenaires restent toujours
des concurrents, il s'agit d'une strategie en réalité très précaire.
Tout le monde sait que dans ce genre d'accord chacun n'a rien
de plus pressé que de tricher avec ce qu'il vient de signer.
Il existe une seconde technique, plus longue à mettre en
œuvre, plus coûteuse sans doute dans l'immédiat, mais infiniment
plus payante dans le long terme: se tourner vers le marché
politique, et monnayer son argent et son influence électorale
contre la mise en place de législations et de règlements
répondant en principe à des objectifs d'intérêt général, mais
ayant en réalité pour conséquence d'accroître les coûts d'entrée
de nouveaux concurrents. Sion fait le bilan coûts/avantages de
ces deux solutions, il est clair que les entreprises ont beaucoup
plus intérêt à investir massivement sur le marché politique pour
obtenir des réglementations qui les avantagent, qu'à chercher à
se protéger par des pratiques coll us ives d'un genre traditionnel.
Autrefois, les entreprises recherchaient en priorité la protection
des droits de douane. Ce n'est plus possible aujourd'hui, en