La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

388 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
qui est la sienne. Si les agrégats perdent toute signification, c'est
parce que des quantités telles que" le capital. ne sont que des
nombres qui n'expriment rien pour le décideur qui doit choisir
combien de mètres de tel fil d'acier il doit acheter pour réaliser
ses plans, mais qui, à aucun moment dans sa procédure de décision,
ne sera amené à consulter telle ou telle statistique sur la
production nationale d'acier, ou même de telle catégorie d'aciers
fins, concepts qui n'ont aucune signification opérationnelle pour
lui. Il s'ensuit que le fait d'utiliser un agrégat plus petit, tel que
«aciers fins., ou «fils d'acier .. , n'apporte rien de plus à la
compréhension des mécanismes qui gouvernent l'économie.
Comme la plupart des économistes, Léontieff transfère dans
le monde des relations humaines des concepts qui ont peut-être
un sens en physique, mais aucun en économie. Lorsqu'un physicien
observe des particules atomiques, et essaie de comprendre
comment cela fonctionne, il ne peut en avoir qu'une connaissance
extérieure. Il ne peut pas comprendre comment la molécule
ou l'atome fonctionnent de l'intérieur. Tout ce qu'il observe
est que, sous certaines conditions, en moyenne, les particules se
comportent de telle ou telle façon. Dans ce contexte, il n'y a
aucun inconvénient à utiliser des mesures agrégées puisque, de
toute façon, nous ne pouvons avoir aucune connaissance, même
indicative, des origines causales des comportements individuels.
Dans le cas des comportements économiques, les choses sont différentes.
L'économiste a quand même une connaissance spécifique
de ce qu'est cet atome humain, puisqu'il en est un luimeme.
Il sait qu'on ne peut en rien comparer le comportement
mécanique des particules physiques élémentaires avec le
comportement d'un grand nombre d'hommes tous porteurs
d'une certaine liberté d'action. Et donc qu'on ne trouve jamais
dans les faits sociaux des régularités statistiques aussi constantes
que dans l'étude des phénomènes physiques, par exemple
gazeux. Une simple extrapolation à partir de régularités statistiques
suffit pour donner une explication à un phénomènephysique,
mais dans la plupart des cas, c'est totalement insuffisant
pour donner une exphcation satisfaisante d'un fait humain.
Lorsqu'il s'agit de relations sociales, il est impossible de
construire des modèles mécaniques et déterministes comme on
le fait en physique. On peut tout au plus expliquer certaines
catégories JJénérales de comportements humains en utilisant ce
que l'on salt de la façon dont agissent des êtres humains rationnels,
parce que nous en sommes. Nous ne pouvons faire mieux
que d'utiliser ce 'lue nous connaissons mtuitivement de la
logique des choix qUI caractérise l'esprit humain par rapport aux
autres espèces am males. Un point c'est tout s.