La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

LES GRANDES ENTREPRISES... 201
de restrictions volontaires et artificielles de production, et
ainsi de conclure à l'absence d'une réelle concurrence ».
En 1961 George Stigler se penche sur cette question et
arrive à des conclusions intrigantes. Utilisant un nombre
de secteurs et d'entreprises plus large que celui qui figurait
dans les travaux de Joe Bain, i1·découvre qu'il n'existe
pour les années 1938-1940 aucune corrélation notable au
niveau de l'ensemble de son échantillon, mais qu'une corrélation
positive réapparaît s'illimite ses calculs aux seize
industries qui sont communes à son échantillon et à celui
de Bain. Par ailleurs, lorsqu'on refait les calculs avec des
données plus récentes, portant sur les années 1947-1954,
cette corrélation disparaît à nouveau. Stigler en déduit,
d'une part, que les résultats obtenus par Bain sont liés à la
façon dont il a composé son échantillon, et notamment au
trop petit nombre de secteurs industriels qui y sont pris en
compte; d'autre part, que Bain a pris pour un phénomène
général ce qui n'était que l'expression d'une situation temporaire
de déséquilibre 26.
Ce qui intéresse Yale Brozen est de vérifier si la corrélation
positive identifiée par Bain pour l'avant-guerre correspond
à un phénomène stable ou non. Pour cela il
reprend les travaux et la méthodologie de son illustre prédécesseur.
Mais au lieu de se limiter à la période 1936-
1940, il se livre à la même analyse, sur le même échantillon
de secteurs industriels, pour les années 1953-1957.
Alors que Bain avait essayé de voir quelle relation existait
entre les taux de concentration de l'année 1935 et la hiérarchie
des taux de profit pour la période 1936-1940 (ce
qui lui avait permis de montrer que c'était les industries
les plus concentrées en 1935 qui, au cours des années suivantes,
avaient réalisé les profits les plus élevés), il utilise
comme point de référence les taux de profit moyens des
années 1953-1957, qu'il compare à la structure industrielle
et aux rentabilités de 1935.
Résultat: il apparaît que les secteurs industriels qui,
avant guerre, enregistraient les taux de profit les plus élevés
(et qui étaient ceux dont le degré de concentration