La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

50 LA «NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
Le téléphone naît en 1876 lorsque l'Américain Graham
Bell présente son prototype à l'exposition du Centenaire
des Etats-Unis, à Philadelphie. En France, la loi de 1837
sur le monopole des signaux signifie d'emblée que son
développemeqt industriel ne peut se faire sans autorisation
de l'Etat. A l'époque, l'essentiel du réseau télégraphique
est déjà achevé. Il est géré par une puissante
administration centralisée pour laquelle on vient de créer
un ministère tout neuf (le ministère des Postes et Télégraphes),
et qui entrevoit dans la construction des réseaux
téléphoniques une extension naturelle de son activité traditionnelle.
Cependant, on est en plein dans la période
« libérale » de la nouvelle République. Le contexte politique
a changé: on ne craint plus les complots; l'argument
militaire et policier qui ayait milité pour la remise
des réseaux télégraphiques à l'Etat s'efface. Le contexte
économique a lui aussi évolué: dans toutes les villes se
développent les réseaux de gaz, d'électricité, de tramways,
de distribution d'eau, dans la plupart des cas sous
forme de concessions à des compagnies exploitantes privées.
Les débuts du téléphone vont donc naturellement se
couler dans le même moule.
Les débuts du téléphone
Dans le courant de l'année 1879, le ministre des PTT
fait savoir que les réseaux seront concédés aux compagnies
privées qui en feront la demande. Aussitôt, trois
entreprises se portent candidates pour le réseau de Paris,
toutes trois détentrices de brevets américains. Mais elles
fusionnent rapidement en une seule: la Société Générale
des Téléphones. La SGT acquiert également la concession
du réseau de Lyon, ainsi que d'un certain nombre d'autres
villes de province. Bien qu'il n'y ait pas vraiment concurrence,
la France va fa!re l'expérience pendant dix ans
d'un téléphone privé (l'Etat installant ses propres réseaux
dans les villes où il n'y a pas de concession privée deman-